Comme chaque année je trouve la saison hivernale franchement longue et démotivante. Après avoir galéré pratiquement 5 semaines à cause d’une grosse bronchite je retrouve avec plaisir les joies de l’entraînement et de l’interval-training.
Nous avons fini l’année par le cross de l’Erdurière et le trail de l’Ecuillé. Étant donné que je ressemblais plus à la Dame aux Camélias qu’à Miss 3 poumons, cela n’a pas été sans difficulté.
Déjà le Cross, comme prévu j’ai souffert et je me suis trainée comme un tracteur et puis enfin l’Écuillé. Alors l’Écuillé je le connais bien et je sais à présent que c’est un trail qui peut vite tourner au drame, tant sa glaise et sa gadoue sont omniprésentes. Surtout c’est un trail sournois, car il démarre sur des terrains qui paraissent faciles et au fur et à mesure, le parcours se complique. On trouve de la boue en veux-tu en voilà à ne plus savoir qu’en faire. Personnellement j’en ai mis un peu dans chaque chaussette, un peu dans chaque basket, et beaucoup autour de mes chevilles, mollets et genoux. Donc on joue les patineurs pendant 27 bornes et puis à 3-4 kms de l’arrivée on passe touuuuuuuut près du Château et hop on rebifurque dans les bois. Alors là c’est le chant du cygne, l’apothéose de la connerie traillesque. Ce ne sont que descentes de ravines, montées à la corde, souches à enjamber, arbres à éviter. Sauf qu’on n’a plus de muscle, on a plus de dos, on a plus de force. Lever les genoux devient un enfer, se baisser est un supplice et surtout quand on en a fini ben on retourne dans la boue et ça jusqu’à 300 mètres de l’arrivée !!
Donc je le sais, je sais aussi que je ne suis pas du tout prête pour la distance un gros 25 kms annoncé qui en fera 27 bien tassé. Je sais qu’il va faire un froid de chien, une humidité de canard et que je vais finir bien après mon Grand Velu. Lui il est joyeux, il est comme Roscoe, il est content. Je le préviens tout de même de se méfier et de se couvrir, ce à quoi il me répond par un vague moulinet du poignet qui veut dire : t’occupes, je gère !
On part, moi peu confiante et sur la réserve, lui en joie et au train. Il file devant moi et je le perds au bout de 700 mètres. Je cale les écouteurs dans mes oreilles et c’est parti pour plusieurs heures de crapahutage dans la nuit et les bois en plein mois de décembre. Au 7e kilomètre, nous avons la surprise de devoir escalader un mur de foin (alors ça j’aime bien !) et ensuite de sauter (environ 1 m 50) en contrebas pour zigzaguer dans le labyrinthe. Ça sera le seul moment où nous aurons bien chaud.... je profite !
Rapidement les températures extérieures vont chuter tout au long de ma promenade et je m’en aperçois à la buée qui sort de ma bouche et mes nasaux comme si j’étais un dragon en rage et aussi au froid glacial du liquide de mon camel-back. Au 24e kilomètre, ça fait déjà plus de 3 heures que je suis en course et là franchement j’ai envie de mon lit. Je marchouille et malgré toutes les couches polaires et techniques que je porte je commence à avoir la piquette très rapidement, c’est mauvais signe. Je me remets à trottiner malgré les douleurs musculaires et au 25e kilomètre après avoir doublé quelques personnes (ce qui me remotive) je vois un grand mec qui marche, courbé. Je me dis, lui, il est mal barré s’il ne se remet pas à courir. Je le double en m’excusant et là j’entends dans un cri déchirant :
« Chérie !? Virginie ? ! C’est moi !!! »
Je me stoppe tout net, reviens sur mes pas et éclaire son visage de ma frontale :
« C’est toi ? Je veux dire toi, toi, c’est Tug quoi ?! ». Saperlipopette keskifoulàçuilà ?
— Ça va pas ? Qu’est-ce que tu fous là ? Je croyais que tu étais arrivé !
— Non j’ai des crampes, j’ai trop froid, je peux plus courir.
— Quoi ? Ah, mais non ça va pas, tu vas courir, faut pas marcher tu vas te geler !
— Je sais, mais je peux pas, j’ai trop mal.
Mais qu’est-ce qu’il me raconte ce grand dadais ?!
— Ah mais moi aussi j’ai mal ! J’ai mal aux cuisses, au dos, au cul, partout, mais Bondieu faut courir sinon on se refroidit trop !
— j’peux pas, j’peux plus !
Je n’écoute même pas ses gémissements, déjà parce que je veux pas qu’il flingue mon moral et surtout je ne veux pas qu’il s’atermoie sur lui-même.
— Allez hop, petites foulées, tu me suis, on fini ensemble ! il reste 2 kilomètres maxi ! Putain 2 kms on les fait en natation en moins de deux !
— J’peux pas j’te dis, j’ai trop froid, trop de crampes...
— Je t’attends je te dis, viens !
— Non vas -y toi, sinon tu vas choper froid, moi je peux pas te suivre tu vas trop vite !
Alors trop vite à l’instant présent c’est pas moins de (attention roulement de tambour) 8,5 kms/h ! J’hallucine. Mais bon je peux pas le porter sur mon dos le gros, alors je me dis que je vais l’attendre sous le chapiteau et lui mettre de côté une soupe bien chaude. Et puis il faut bien l’avouer, je savoure un peu ce moment où quand même :
1 — Je l’avais prévenu de se méfier et donc j’avais raison !
2 — Je vais lui coller une branlée (je sais c’est moche et je brulerai en Enfer pour ça, mais ça m’a franchement traversé l’esprit)
Je repars en petites foulées en soufflant de l’air chaud sur mes doigts que j’ai enfoncés dans ma bouche. RE-la boue, RE-la galère, m’en fou je vois les lumières au loin, j’arrive, attendez-moi !!!
J’accélère sur le tour de garde (300 derniers mètres) et je termine enfin ce calvaire hivernal.
J’ai donc bien la confirmation que l’Enfer est froid, glacial, parce que là j’ai vécu un enfer pendant 27 bornes.
Au bout d’un long moment arrive enfin Mon Grand Velu mais dans un état !
D’abord on le porte presque, ensuite il est tout vert et enfin il grelotte comme un nourrisson qui vient de sortir du ventre de sa mère. La suite sera quelque peu épique, car il va vomir plusieurs fois, je vais l’empapilloter dans une couverture de survie pendant que je cherche notre voiture. Dehors il fait 0 °C/-1 °C... Le givre et la glace ont recouvert les bagnoles. Je me remets à courir pour ne pas avoir froid. Mais mon sens de l’orientation légendaire me dupe à nouveau et je ne retrouve pas la voiture. Je cours encore au moins 3 bornes, je suis morte, j’en peux plus, j’ai mal partout, mais je cours...
Soudain je me plante devant les phares d’une bagnole qui s’arrête. Ce sont les Gendarmes ! Je leur explique le Shmilblik et nous sillonnons les allées en recherchant désespérément ma C3 noire. Enfin nous la trouvons et je peux changer de chaussettes et de chaussures. Je mets le chauffage à fond, le pare-brise dégivre et je me dirige vers le chapiteau. Tugdual est le dernier trailer, il reste juste les bénévoles. Il a la tête pratiquement dans le tuyau de chauffage et a repris des couleurs.
Il veut y retourner en 2015 pour prendre sa revanche... Moi je resterai au chaud, ça va bien 5 minutes les conneries hein ! Tout ça pour une soupe !
Soudain je me plante devant les phares d’une bagnole qui s’arrête. Ce sont les Gendarmes ! Je leur explique le Shmilblik et nous sillonnons les allées en recherchant désespérément ma C3 noire. Enfin nous la trouvons et je peux changer de chaussettes et de chaussures. Je mets le chauffage à fond, le pare-brise dégivre et je me dirige vers le chapiteau. Tugdual est le dernier trailer, il reste juste les bénévoles. Il a la tête pratiquement dans le tuyau de chauffage et a repris des couleurs.
Il veut y retourner en 2015 pour prendre sa revanche... Moi je resterai au chaud, ça va bien 5 minutes les conneries hein ! Tout ça pour une soupe !
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