20 mars 2011

OBJECTIF 1H55 ET SANS BOBO SIOUPLAIT

Voilà comme je l'ai expliqué brièvement sur le forum de CAF, depuis le marathon de la Rochelle je suis en plein doute.
Je navigue dans les eaux boueuses des angoisses et autres trouilles à répétition.

Résultat : je ne prends presque plus de plaisir à courir et surtout je n'arrive plus à vivre le moment présent.
Tout ça à cause de cette fichue tendinite du TFL qui m'a bien chahutée depuis juin dernier.
Mais là, où elle a provoqué le plus de dégâts c'est dans ma tête et non dans mon corps.

Ce n'est pas d'avoir mal qui me fait peur, c'est de devoir m'arrêter à nouveau, retourner à la case kiné-ostéo et retourner dans ce cercle vicieux.
Depuis novembre, je me dis : mais à quoi bon toute cette énergie, si c'est pour ne plus jamais courir sereinement.

Bref j'ai le moral en berne.

Alors pour me remettre en selle, pour me redonner confiance, j'élabore un plan à la noix et me fixe un challenge très très perso : battre mon record sur semi et sur ma course préférée.

Forte du merveilleux souvenir que m'a laissé le semi de St André des Eaux en 2010 et forte du chrono inespéré que j'y avais obtenu, je me lance il y a 5 semaines dans une nouvelle prépa spécifique.

Je bidouille vite fait un plan sur Runner's world et décide de m'inscrire au dernier moment sur la course au cas où (toujours les doutes sur mon TFL).

Mais ce plan je ne vais pas vraiment le tenir, trop craintive que je suis sur le fait de me re-blesser. Je réduis toujours un poil le nombre de kilomètres à effectuer et je ne me refuse aucune pose même si cela induit de louper une séance pour rester sur mon canapé.

Et puis le kiné-ostéo m'a un peu foutue à la porte avec un coup de pied aux fesses et ça n'est pas fait pour me rassurer non plus.
Le kiné : "Mais si vous pouvez courir, aller zou et si vraiment ça fait mal vous revenez me voir"
moi : "oui mais là je sens encore au bout de ma rotule un ptit chouia qui tire"
le Kiné : "mouais, ben courrez quand même et vous verrez bien"
Alors je me dis que sur ce semi je vais tout lâcher, je vais lui montrer MOUA à ce kiné que J'AI raison et que je ne suis pas totalement guérie et j'irais le voir avec mon air de "j'vous avais bien dit!"

Nous voilà le jour J. ça fait 2 semaines que je ne cours pratiquement plus car je suis trop fatiguée.
ça n'empêche que je veux quand même pourrir mon chrono et sans bobo.
La veille : aucune angoisse, je dors comme un loir mais je pose quand même un patch tissu flector gel sur mon genou (je sais c'est nul mais j'en ai besoin).

Le matin : la boule au ventre est bien présente - finalement ça me rassure presque cette boule.

Je me maquille - ben oui, les indiens mettaient bien des peintures de guerre eux - et là Corentin les yeux écarquillés : "tu te maquilles ???? pour une course ????"
moi : "Ah OUI ! sportive oui mais néanmoins femme ! Je ne sacrifierais pas ma féminité au sport !" (c'est un truc que j'ai appris sur le site de CAF :-) - rester une fille même dans l'effort)

Cette fois-ci toute la petite famille vient avec moi (les 5 garçons et Tugdual).
Du coup le moment d'attente du départ passe hyper vite, entre les bonjours aux copains du club (venus courir le 7 kms) et la gestion des bouts de chou.

Départ : comme d'habitude ça bouchonne - j'en profite à fond car je sais que ça sera le seul moment de la course où je me sens à l'aise - je marche :-D

5 premiers kilomètres : je sais pas j'ai rien vu, j'essaie de me dégager du paquet.

8ème kilomètre : je m'aperçois que mon foot pod n'est pas bien étalonné et qu'il m'indique des allures en dessous de la vérité.
ça fait 40 minutes que je me dis que "la vache 11 kms/h ce matin c'est dur à tenir" tu parles je suis à peu près à 12 kms/h depuis le début (mon allure VMA).

moitié du semi : j'aperçois Tugdual et Fabrice et j'en ai marre, mais je ne lâche rien. (53 min au 10ème kilomètre - je suis à 1 min de mon record perso sur cette distance).
J'espère même secrètement que mon genou me fasse mal pour avoir le droit d'abandonner.



J'attends le 17ème kilomètre avec impatience car je sais que la course va se jouer à ce moment là.
Alors je cours sans réfléchir, sans regarder, comme si j'étais en dehors de moi.

15ème-16ème : ça sent l'écurie. Je sors de ma léthargie, autour de moi les gens sont encore pas mal frais.
Un mec - chaussettes de compression, foulard de baroudeur sur la tête, l'air d'avoir trainé ses runnings sur au moins 50 000 kms-se moque de moi car j'ai mes écouteurs.
le jaloux : "Ouais c'est facile d'aller vite quand on a de la musique !!"
moi : "YEP" (tu vas voir ce que je vais te mettre à toi tiens !)

Je décide de l'enrhumer pour lui montrer qui c'est la patronne (m'a énervée avec sa remarque à la gomme). ça y est j'ai l'oeil du tigre là et puis je me dis que si je veux pouvoir enfin respirer normalement, je n'ai qu'à me bouger les fesses pour finir plus tôt !

et j'accélère... le 17ème km enfin. je me repose en peu dans un groupe d'hommes au 18ème (c'est pas le tout de faire la mariole au 16ème mais la course n'est pas encore finie et là j'ai un peu le souffle court).
et puis je me refais, ça va mieux et je les double.
Ce qui va m'éclater le plus (que je vais kiffer comme disent les djeuns) c'est d'entendre les mecs ronchonner à chaque fois que je vais en dépasser.

Il y a mon nom dans mon dos et j'entends certain le prononcer en râlant.
(ben oui les mecs keske vous foutez là, c'est maintenant la course c'était pas avant).
Ah ben tient j'ai oublié mon genou - bof m'en fou du genou moi je veux continuer à énerver les gens.

De plus en plus les coureurs se recroquevillent sur eux - ils souffrent (on dirait des crevettes trop cuites).



Moi je souffre aussi mais jamais de la vie je vais leur montrer et je reste droite comme un I (AH l'orgueil !).
Je pense : resserre tes omoplates, auto-agrandis toi, gonfle la poitrine (prononcé peuaterine).
Je souffle comme une forge et j'ai pris la décision de doubler toutes les nanas que j'ai en visu (the eye of the tiger j'vous dis - inarétable !)

Le dernier kilomètres je remets un coup de gomme. J'ai doublé toutes les filles sur mon chemin et pas mal de mecs aussi.
une mini-bosses sous forme de ponton me mine bien le moral mais je m'accroche.
Un grand mec veut me souffler ma place.
J'accélère, il accélère, je sprinte, il sprinte et mon coeur monte à 180.


ça cogne dur à l'intérieur de ma cage thoracique, tellement dur que j'en ai la trouille.
Je me dis : voilà c'est fini, je vais claquer là bêtement sur une course, sur un pari avec moi-même.
Je laisse le grand type définitivement me mettre une mine.
Mais bientôt l'arche est là quelqu'un crie :
ALLER les coureurs on est en dessous des 1h55 là !!!

Oh pétard ! j'accélère et tant pis si je crève sous l'arche.
Me voilà enfin au bout de ma peine. je suis pas mourrue mais presque et mon coeur redescend vite (Tugdual vérifiera parce qu'il parait que j'ai quand même une sale tronche sur le moment).


Je me dis que finalement c'est quand même bien dommage de n'avoir aucune courbature, contracture, tiraillement et d'être bloquée par son souffle et son coeur.
Je sais maintenant ce qu'il me reste à bosser : LE VO2 MAX :-D (je sais même pas comment faire mais je vais me documenter).

Résultat :
1 h 53min temps réel (11,2 kms/h en moyenne) - 1 H 54 temps officiel
26ème sur 74 dans ma catégorie et 946ème sur 1 276 arrivants (1450 inscrits)

genou : ça a tiré un poil mais pas plus qu'à l'entraînement et surtout pas d'amplification de la gêne.
167 bpm sur la course (90% de ma FC max)
180 bpm en pic
repas pré-course : 1 bol de crème dessert sojasun au chocolat + 1 poignée d'amande + 1 verre de jus de raisin - 4 heures avant la course
1 smecta, 2 heures avant la course
pas mal au ventre, pas mal aux jambes, pas mal au moral.
1 gel GU (goût citron) au départ et 1 autre (goût chocolat hmmm) à 50 minutes que je vais suçoter jusque la fin (pas de baisse d'énergie et pas de baisse de régime).

En revanche les fascias se sont vengés l'après-midi et me tirent les hanches, tellement que j'ai l'impression d'être passée au rouleau compresseur.

Je suis rassurée maintenant, pas tout à fait sereine mais un peu plus casse-coup pour la suite.
En revanche ne venez pas me parler de cap cette semaine : parce que là j'en ai ma claque !!!
ça va être vélo et natation et "corps sans douleur".
Ah oui : 2 grosses ampoules l'une sur l'autre qui ont joué les sémaphores sur mon avant dernier orteil droit.
j'ai même eu peur que des bateaux viennent s'échouer sur mes côtes tellement ça clignotait quand j'ai retiré mes pompes.

Ce lundi : mal aux hanches (les fascias bondiou) mais aucune courbature - pas trop de fatigue mais je sens que ça va venir. Ce soir automassages et travail de posture + étirements.
D'ailleurs moi je suis pour que les patrons donnent le lundi en congé après une grosse course le dimanche --> ça serait civique !

Le petit détail de la course sur RUNKEEPER