23 mai 2010

ETUDE DES BOISSONS ISOTONIQUES - LE RESULTAT

J'ai testé sur 2 sorties longues la boisson Ergysport.

La conclusion est que c'est parfait.

Sur 2 x 2 heures, aucune fatigue mentale, aucune douleur musculaire ou sensation de jambes dures.
pas de courbatures, pas de crampes et surtout pas de fringale.

La sensation de pouvoir courir éternellement.
Il ne reste plus que le plaisir de voir défiler les paysages.

pas de problème gastrique ni intestinal non plus.
Un goût discret et peu écœurant.

Chéri l'a essayé de son côté et arrive aux mêmes conclusions.

C'est donc décidé, j'adopte cette boisson pour mon prochain marathon.

RESUME DES DEUX DERNIERES SEMAINES

Oulala, je laisse dangereusement mon blog partir en sucette.

Bon allez zou voici ce qu'il s'est passé.

Lundi 10 mai : Je recommence sérieusement la course à pied.
ça me manque depuis le marathon. Je fais attention et compense par du vélo, mais j'ai la trouille de recourir. J'ai peur de me blesser, ça devient obsessionnel.

Je pars pour 30 min d'endurance. Le temps est frais mais beau.

Comme pour un premier rendez-vous, je suis fébrile. Comme pour un premier rendez-vous je me pomponne. Me voilà dans la rue, en short et en queue de cheval...

Je retrouve mes sensations, c'est très agréable. La musique défile dans mes oreilles et les morceaux que j'ai entendu pendant le marathon me reviennent en plein visage. Les émotions sont au rendez-vous. Je suis bien, je cours à bonne allure et me voilà qui chante à tue tête, parcourue d'un petit frisson de plaisir.... J'ai les larmes aux yeux de tant de bonheur.

Je me sens vivante.

Je fais 42 minutes en tout et m'arrête à regret, mais il faut que je retourne travailler.
Hmm la journée sera magnifique.

Jeudi 13 mai : 1 h 00 et 9,2 kms. Je ne cours pas vite depuis le marathon mais le plaisir est toujours là et c'est déjà ça.
Mes pulses montent bien haut pour si peu de vitesse et puis j'ai toujours cette mauvaise sensation au genou droit et ça me perturbe.

Vendredi 14 mai : je laisse mon genou de côté et monte sur mon vélo pour me détendre.
15 kms à 18 kms/h c'est pas la fureur mais ça fait du bien. Du coup j'enchaine sur 6 kms de running. Après avoir lâché le vélo j'active la machine à courir et me retrouve bien bête à ne pas savoir où se trouvent mes pieds.

Pendant 2 kms j'ai l'impression d'être complètement saoule. Pour le coup je n'ai pas mal au genou puisque je ne sens pas du tout mes jambes qui sont en coton.
ça me fait rigoler et oui, ça doit être ça, je suis saoule.

Au 3ème kilomètre les sensations reviennent et je vérifie mon allure sur la polar. Bonne surprise je cours relativement vite, comme si le moulinage des pédales s'était dupliquer sur le moulinage des foulées.

Je boucle les 6 kms en 32 min.
Tugdual me demande si je me prends pour une triathlète.

Samedi 15 mai : reprise du fitness - ça fait du bien

Dimanche 16 mai : j'ai tellement envie de courir, courir, courir sans relâche.
Je pars pour 1h00 en laissant les enfants jouer à la Wii à la maison.
Au bout de 9,5 kms, je passe la tête par la baie vitrée et constate que les enfants s'amusent très très bien.
Je fais quelques étirements car mon genou est tout bizarre. Je me sens bien.
Je suis en train de tester ma nouvelle boisson isotonique et vraiment je sens la différence par rapport aux autres entraînements.
bon je repars pour 30 minutes, j'ai trop envie d'y retourner.

Mon dieu que je suis bien. Je pourrais courir comme ça toute la journée.
Le deuxième tour est plus rapide, les sensations sont au rendez-vous et le mental est d'acier.
30 minutes sont passées depuis longtemps quand je m'aperçois que j'ai fais 10,3 kms en 57 minutes.

Je rentre tout de même à la maison, car je m'aperçois qu'il n'y a plus grand monde dans les rues.
je sais instinctivement que c'est l'heure du déjeuner et j'ai 3 gremlins à la maison qui vont m'attendre avec des dents comme des baïonnettes.
Alors je rentre, mais vraiment c'est à contre coeur.

Résultat semaine
42 kms de cap
15 kms de velo
1 heure de fitness
3 230 kcal

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Mardi 18 mai : fitness me voilà. C'est cool je suis seule avec Nico. On se fait une bonne série d'abdos suivie d'une bonne séance de LIA. Les pulses montent bien haut et ça fait du bien de se lâcher.
Le soir je file voir mon osteo qui me remets la rotule en place.
Ma gêne provient d'un raccourcissement de quadriceps.
J'ai pris pas mal de muscle pendant l'entraînement marathon et pendant les 10 jours en Guadeloupe j'ai abandonné les étirements.
Le résultat se fait sentir maintenant. Le manque de flexibilité de ma cuisse induit un problème dans les ichios et par répercution dans le genou et aussi le tibia, ce qui a déplacé un peu la rotule.

Maintenant qu'elle est en place, je peux refaire correctement mes étirements - c'est vrai que ces derniers temps je n'arrivais plus à étirer mon quadri à fond, car ma rotule bloquait.

Le hic c'est qu'il faut que je reste 3 jours sans courir pour que tout ça se repose.

Mercredi 19 mai : j'enfourche mon velo et mets 4 minutes de moins sur le même parcours que la semaine d'avant. Mon vieux bouzin à sacoche est mort de fatigue mais moi ça va.

Jeudi 20 mai : fitness à nouveau et c'est le cours de step. Je pars dans ma petite bulle et m'aperçois au bout de quelques instants que je suis la seule qui m'active sous le regard amusé du prof et des autres élèves.
Heu, vous êtes passé à un autre pas ??? OK, Ok je m'y mets.

Vendredi 21 mai : ça y est je peux enfin courir. Je veux faire 10 kms.
Il fait chaud depuis quelques temps et ça devient dur de courir.
Je ne suis pas bien rapide et met 1 h 03, mais le plaisir est toujours là.

Samedi 22 mai : j'ai envie de faire 15 kms. Je pars à 10 h 00 et il fait la canicule.
qu'est-ce que je suis lente, c'est incroyable, j'ai l'impression de revenir à mes débuts.
Mais le plaisir est au rendez-vous et finalement c'est bien ce qui compte.
Je mettrais 1 h 34 (4 minutes de plus que prévu) avec des pulses un peu haute.
Au bout de 10 kms je me sens si bien que je pars pour une bonne accélération de 16 kms/h sur 6 minutes et tout de suite après je me remets à accélérer sur 10 minutes, mais cette fois à 11 kms/h.
Je rentre trempée comme une soupe et bien rincée, c'est chouette le sport.

Dimanche 23 mai : je veux faire 2 heures. Auparavant il faut que j'accompagne mon fils ainé à son tournoi de ping-pong. ça débute à
10 h 30 et je n'ai pas d'autre choix que de partir à 11 h 00.
Je prépare mon nouveau camel-back qui se positionne autour de la taille et j'embarque 3 litres de liquide (dont mon fameux Ergysport).

Au bout de 3 kms, j'ai envie de tout arracher. C'est lourd, ça ballotte, ça me blesse la taille et ça me ralentit pire que le soleil du zenith.

Je serre à mort toutes les sangles mais malgré tout, ça ballotte encore et ça me tire trop sur les lombaires.

Je finis ma première boucle de 9 kms heureuse de me délester de ce sac mortel.
A moins d'avoir un gabarit de cheval de trait, je ne vois pas comment supporter ce truc.

Je reprends ma ceinture porte-gourde et repars délestée de 2,5 kilos. Je le sens immédiatement car j'ai l'impression de m'envoler.
Mais le soleil se charge immédiatement de me faire atterrir en me cognant comme un sourd sur la tête.
La vache ce qu'il fait chaud. Courir entre 11 h 00 et 13 h 00 en plein soleil et sous plus de 30°C n'est pas des plus agréable.

Je me dis que j'ai couru dans le froid siberien, sous la grêle, la pluie hivernale, les rafales de vent à plus de 100 kms/h, la nuit, la boue. Ce n'est donc pas ce soleil de plomb qui viendra à bout de ma volonté.

Je suis lente, aussi lente qu'une tortue centenaire. Mais je n'ai plus mal au genou.
Depuis l'osteo, j'ai ressenti une seule fois une légère gêne post-entraînement samedi.
Sûrement une contracture du muscle long péronier.

Avant de courir j'ai chauffé et massé à mort mes jambes avec de l'huile d'arnica de Welleda.
ça marche... je me sens bien, j'aimerai continuer encore mais la chaleur a raison de moi.
J'hésite entre continuer et tomber dans les pommes ou bien rentrer et me rafraîchir.

Je fais 1 h 40 au lieu de 2 heures et suis bien contente pour une fois de retrouver la fraîcheur de chez moi.
Qu'est-ce que j'ai couru lentement (8,5 kms/h), mais au moins j'étais bien en endurance. Mes pulses n'ont pas dépassée 145 bpm et du coup je ne suis pas plus fatiguée que ça.
J'enchaîne sur 10 minutes d'abdos et 20 minutes d'étirements.

Voilà une semaine qui s'achève avec le sentiment d'avoir accompli mon devoir.

nota : je suis en train de lire le livre de Christophe Carrio "Sculpter ses abdos".
le concept est très intéressant car ça parle de posture et d'adapter son travail d'abdos en fonction de ladite posture pour soulager le dos et ne pas se blesser. ça parle du bien-être avant de parler d'esthétique. L'esthétique n'étant qu'une résultante d'un travail bien mené.
ça colle parfaitement à ma philosophie. Je sens que je ne vais pas tarder à acheter pas mal de ses autres bouquins "un corps sans douleur" et "la meilleure façon de courir"

Résultat semaine :
40 kms de course à pied
15 kms de velo
2 heures de fitness
3 935 kcal

pour le fun : voilà mes pieds, 3 semaines après le marathon.
Bilan : 1 ongle noir (problème de chaussette à la dernière sortie pré-marathon) et des pieds qui s'épluchent. Vu l'endroit où la peau part en lambeau, il ne fait nul doute que j'attérris sur le devant du pied et non sur le talon ou le milieu (faut que je réussisse à poser mon pied sur le milieu quand je cours)





9 mai 2010

REPRENDRE APRES LE MARATHON

Cette semaine j'ai calmé le jeu malgré l'envie de reprendre tout shuss.

J'essaie d'écouter les conseils des anciens et d'écouter mes sensations aussi.

les anciens disent : 26 miles courues = 26 jours de repos.
Bon le repos en sport est toujours relatif, vu qu'on peut faire de la récupération active en faisant des sports portés, de l'endurance et surtout en siestant et en s'étirant jusque plus soif.

Mes sensations me disent : tu pètes le feu, vas-y run run run.
Sauf qu'au bout de quelques minutes je suis HS (gros, gros gros coup de mou).
De plus je sens qu'en profondeur mes muscles sont très fatigués.

Alors voilà mon plan d'action :
Lundi : hydromassage et sieste (wow c'est bon !!!)
Mardi : 20 min de velo (même pas mal aux fesses)
Mercredi : rien
Jeudi : step (oula un peu trop tôt, mes pulses montent trop haut, on m'avait dit pas de VMA ben c'est loupé) et le step j'avais oublié mais ça sollicite vachement les mollets.
Vendredi : ouille mes mollets, ça pique
Samedi : 5 kms Odysséa en résistance douce (oui je sais on avait dit de l'endurance) - moins de courbatures et de bonnes sensations
Dimanche : 48 min de velo en moulinant du feu de dieu (et en évitant les côtes) - et là je suis dans la FC ciblée endurance (YEES)
enchaînement avec 21 min de course à pied. Là je me sens bizarre.
Lâcher le vélo et partir en courant c'est une sensation étrange.
Comme courir complètement bourré en fait.
J'ai l'impression que mes semelles sont en plomb et que je m'enfonce jusqu'aux chevilles dans le sol à chaque foulée.

Mes muscles sont durs (comme au 37ème) et j'ai l'impression de me traîner.
Sauf que mon polar indique tout le contraire : je fais du 5:25 (woooow incompréhensible).
Bon les pulses montent trop haut, je réduis l'allure sans aucun état d'âme.

Je fais des petits pas et foulées rasantes pour ne pas trop solliciter mes articulations.

Voilà les sensations qui reviennent, mes muscles sont chauds, je me sens capable de courir encore longtemps.

Sauf que je préfère arrêter après 20 minutes car je sais que je vais le payer par une attitude amorphe proche de la narcolepsie en milieu d'après-midi (je sens la fatigue générale sourdre au plus profond de moi, tout de même).

Résultat Dimanche :
48 min de velo (aucune idée du kilométrage) - FC moy 130 - FC max 157 - 360 kcal
21 min de cap - 3 kms - FC moy 139 - FC max 149 - 6:25 au km et une pointe à 5:05 - 180 kcal
15 min d'étirements (je me trouve pas mal souple encore) et toutes les tensions disparaissent : c'est miraculeusement bon
15 min d'abdos
1 claque sur les fesses et hop à la douche....

8 mai 2010

5 KMS CONTRE LE CANCER DU SEIN

Ce samedi 8 mai c'est la course Odysséa à Nantes et ça fait depuis le début de mes débuts que je lorgne sur cette course.

Tous les fonds sont reversés à la recherche et la lutte contre le cancer du sein.
Étant donné que mon addiction à la cap coïncide plus ou moins avec le décès de ma mère (emportée par cette maladie).
Il n'y avait qu'un pas pour faire l'amalgame, et d'une pierre deux coups.

1 - reprendre un footing de décrassage post-marathon au bout de 6 jours
2- aider une association qui me tient à coeur.

Depuis 3 jours je traine comme une âme en peine. J'ai mal au dos, j'ai mal aux mollets, je suis fatiguée, je ronchonne.
Bref, la cap me manque et puis j'appréhende de re-courir, j'ai peur de m'être blessée au marathon, de reprendre trop vite, trop fort...
Je doute, c'est horrible (syndrôme post-marathon ?? décidément j'aurais tout eu)

Miraculeusement, une fois revêtue de mon petit tee-shirt rose, je me découvre une vitalité de lionne. Je suis comme un Chipmunk sous caféine. Je trépigne dans mes chaussettes.

Finalement, je rejoins mes congénères au centre-ville de Nantes, non sans une certaine appréhension.
Va falloir que je fasse de la sophro avant les courses car même quand il n'y a pas d'enjeu ça me retourne l'estomac.

J'arrive en avance et je fais le tour du village situé sur le cours St André.
Au stand Reebok, je sursaute et le monsieur qui vient de me taper gentiment l'épaule se confond en excuses (faut pas me stresser, j'suis tendue Monsieur !).

Il veut juste que je pose pour le concours du plus beau sourire.

Ah ben oui, volontiers, car il n'y a personne pour m'accompagner et prendre des photos et du coup ça me fera un souvenir de cette journée.

15 min avant le départ un cours de fitness est donné.
Le cours St André se transforme en pink parade immédiatement et les joyeux capeurs de tout horizon se trémoussent en chœur.

Cet immense Gloubi-boulga gymnique a le mérite de me réchauffer.
Aucune personne n'est dans les temps, les mouvements sont anarchiques.
C'est le chaos total ; la tempête dans une barbe à papa géante.

15 h 00 : le départ est enfin donné et il y en a qui ne sont pas là pour rigoler.
moi, il faut que je fasse de l'endurance, mais ça me démange de partir pleine balle.
C'est vraiment le cœur fendu, que je laisse le troupeau me distancier et me laisse me faire dépasser par tous les bords.

Je tiens mes pulses à 142 mais c'est dur de courir. Beaucoup de monde devant et difficile de tenir une foulée qui n'est pas naturelle. Difficile aussi de ne pas se laisser émuler par ceux de devant quand on se sent en forme.

Plusieurs pavés, me sortent de ma réflexion. Mes mollets bougonnent. J'ai beau me sentir à l'aise, en forme itou, itou... Depuis le marathon, je sens tout de même une fatigue musculaire profonde, un besoin de récupération plus long, des courbatures qui s'installent alors qu'auparavant elles ne m'importunaient jamais.

Mes mollets me rappellent à l'ordre et bougonnent donc de ce terrain peu propice au repos.

Il est vrai que le premier footing post-marathon est plus bénéfique sur sol souple.
Bon tant pis, ça ne durera que 5 kms.

Les gens autour de moi sont complètement excités. ça regarde derrière, ça fait des signes en courant, ça crie et d'un coup....Paf une chute, ma voisine se vautre sur un banc public et se relève en criant "ça va, tout va bien" et puis Boum, mon voisin de gauche se prend un plot dans le service trois pièces (bon lui, il dira rien, mais il continue à courir l'air crispé).

Moi je me dis, mais pourquoi bon dieu ils ne regardent pas devant eux.
Nous sommes en centre ville et il y a pas mal d'obstacles de ce genre sans compter les crottes de chien... Tiens d'ailleurs quelqu'un près de moi a du en rencontré une car ça sent très mauvais d'un coup.

un peu plus tard toujours concentré sur mon allure je dépasse les foufous du début qui ont des points de côté (3ème km) et j'ai envie de m'éclater un peu.
Mes pulses sont maintenant de toute façon trop hautes (155) - je mets ça sur le dos du stress et sur les quelques bosses où je me suis amusées à garder la même vitesse.

Bon il ne reste plus que 2 kms, j'ai vraiment envie de m'amuser.
Aller, j'allonge mes foulées (quel plaisir) je galope sur 10 petites mètres.
ça me fait un bien fou au moral.

Je reprends mes petites foulées...

Ne reste qu'un km. Décidément ça passe trop vite.
Je recommence mon petit jeu.

Je dépasse un bonhomme qui en bave comme un polonais. Il marche, et coure et marche et souffle comme un boeuf.
Il a du penser que courir 5 kms parmi des milliers de nanas allait être du gâteau. Mais là son ego en prend un coup, car plein de petites gonzesses le doublent et l'encouragent puis reprennent tranquillement leur conversation en le dépassant, sans avoir l'air de souffrir.

me voilà maintenant sous l'arche d'arrivée, en attente de donner mon dossard pour le classement.
Et bien vous le croirez, vous ne le croirez pas....le bonhomme que j'ai doublé il y a 3 min, me grille ma place dans la queue pour mettre son dossard avant le mien et gagné une place au classement.

Moi je dis, celui-là j'aurais du lui faire un croche-pied.
ça m'énerve les tricheurs, resquilleurs (il a du pot que je m'en fiche du classement et que je n'ai pas couru pour le chrono, sinon, je lui faisais bouffer mon dossard).

Sinon, à part ce petite incident, je fais le constat que je préfère largement les courses plus longues. Pourquoi ? et bien car à mon humble niveau, sur du long, les autres capeurs ne sont pas agressifs. Ils ne viennent pas se battre contre vous, mais contre eux-mêmes.
Il règnent sur le long, une ambiance d'entraide et de partage qu'il n'y a pas sur les courtes distances.

Résultats :
5 kms / 29 min 30
154 FC moyen / 178 FC max (oops)
Aucune douleur - pas de crampe, ni contracture

4 mai 2010

ETUDE DES BOISSONS ISOTONIQUES

Partant du constat que mon alimentation à l'effort n'est pas au point (problèmes intestinaux, baisse de moral, fatigue musculaire etc), je mets de côté mon grand principe qui est de boire uniquement de l'eau pure et de compléter selon les envies par des barres d'amandes ou des jelly belly bean.

Le hic de ma méthode c'est que les envies pendant l'effort sont complètement faussées, ou bien n'interviennent pas assez rapidement pour être correctement traitées.

Exemple :
j'attends la sensation de soif = il est déjà trop tard, je commence à être déshydratée
j'attends la sensation de faim = il est déjà trop tard, mes muscles n'ont plus assez de carburant, mon cerveau va partir en sucette (baisse de moral)

De toute façon, à partir du moment où je commence à douter c'est que je commence à fatiguer.
ça veut dire que de façon imminente, mes muscles vont se durcir entraînant une baisse de moral, qui entraîne un nouveau questionnement qui peut aboutir à l'abandon.
ça veut dire aussi que mon alimentation n'a pas été correctement menée et qu'il existe des solutions pour m'aider.

Alors j'ai fouillé, je me suis documentée sur les boissons à l'effort.
J'ai compris qu'il fallait que les boissons pendant l'effort soient isotoniques.
C'est à dire que leurs composants en fassent des boissons proches de la pression osmotique du plasma.
Ces boissons seraient alors plus facilement et plus rapidement assimilables par l'organisme et répondraient mieux à ses besoins pendant l'effort d'endurance.

Elle permettraient de ne pas avoir à prendre d'aliments solides (enfin sur des sorties en dessous de l'ultra) et de ne pas faire trop fonctionner le système digestif.

Alléluia, je crois que j'atteins la solution pour éviter mes désagréments intestinaux.

Parce que bien que ça soit follement drôle de vous relater mes déboires digestifs et bien que cela fasse des souvenirs rocambolesques, épiques voire délirants... je dois vous avouer que ma pudeur et ma dignité en prennent un coup à chaque fois et que ça commence sérieusement à m'énerver.

J'ai préparer un petit tableau comparatif de 3 produits du commerce (dont 2 sont très à la mode dans le milieu des marathoniens et des ultra-marathoniens).

Pour ne pas avoir de problèmes avec les firmes productrices de ces boissons, j'ai déformé un peu leur nom.

Toutes ces infos ont été collectées sur le net, elles sont donc à prendre avec prudence et circonspection.
Je ne suis pas pharmacienne, ni chimiste, donc si vous voulez être sûre et certains de ne pas vous tromper il vous appartient de vérifier toutes ces données.

Ce petit tableau m'aide à prendre une décision pour commander et tester ma première boisson de l'effort.
Mais comme rien ne vaut le test en milieu réel, j'attends avec impatience ma prochaine sortie de 2 h 00 pour voir de quoi il retourne réellement.

Le premier produit est un complément alimentaire sous forme de gélule, car je voulais voir si je pouvais obtenir une boisson similaire à celle du commerce en me préparant moi-même ma petite tambouille et en y rajoutant du jus de fruits, du sel, du sucre et de l'eau.

Le second et troisième produit sont une poudre à diluer dans de l'eau sans autre ajout.

LE TABLEAU C'EST PAR LA

ANALYSE

Le produit X n'est pas correctement dosé et je devrais encore acheté des BCAA (chaînes d'acides aminés branchés) et autres compléments = ça devient trop compliqué à gérer.

Le 2nd produit est très intéressant mais 2 fois plus cher que le 1er.
L'ajout de caféine ne me convaincs pas car je préfère garder cette molécule en coup de fouet si nécessaire.
Les oligo-éléments sont moins présents que dans le produit n°3 favorisant les anti-inflammatoires.
Je pense que dans mon cas (stressée de la mort en course) et pour avoir fait pas mal de carences en Zinc, magnesium etc, il vaut mieux que je privilégie le 3ème produit.

A noter sur les apports en sodium : je ne transpire pas beaucoup et ne me focalise pas trop sur ces apports. En revanche Tugdual a besoin quant à lui de prendre 1 gramme de sodium toutes les heures.
Il faudra donc qu'il complémente ce produit par la prise de capsules de sel selon la quantité de boisson ingurgitée.

Les quantités indiquées valent pour 500 ml de boisson.
A raison de 250 ml par heure et 420 mg de sodium, il faudra que Tugdual prennent au moins 3 capsules de 180 mg de sodium en plus.
Pour ma part, ça sera amplement suffisant sans capsule de sel.

Après analyse de ce tableau j'en arrive à décider que je vais tester le produit n° 3 (3ème colonne).

Si mes calculs sont bons et en me basant sur le marathon, j'aurais besoin d'un litre de cette boisson pour 4 heures de courses.

Les fabricants du produit conseillent 1 litre par heure mais je suis bien incapable de boire 4 litres en course.
Et de porter 4 kilos de plus (déjà que je m'évertue à me faire la plus légère possible...sont fous ces fabricants).

Bon, cela dit, je peux emmener des sticks à dissoudre sur place (mais ça va être coton et j'aime pas bien m'embêter avec ce genre de logistique)

Je pense aussi que selon le goût plus ou moins sucré, je vais complémenter avec de l'eau pure.

Il ne s'agit pas non plus de passer sa vie à faire des pauses pipi....et faire des glouglou avec son estomac.

Affaire à suivre ...

3 mai 2010

POST-MARATHON

Ce matin je ressens enfin les émotions qui devaient m'assaillir après le marathon.
C'est étonnant comme il me faut du temps pour avoir des réactions "normales" lorsque les émotions sont trop fortes.

Assaillie par trop de messages émotionnels, je me mure directement dans une certaine cataplexie protectrice qui peut durer assez longtemps.

J'emprisonne littéralement ce flux dans une bulle et l'enterre au fond de moi.
La bulle fini par remonter doucement et fini par éclater au moment où je m'y attend le moins, et là je suis submergée d'un seule coup.

Ce matin, vos mots d'encouragements m'ont mis les larmes aux yeux.
Ce matin, j'ai pleuré en conduisant...
Ce matin la bulle a explosé de mille couleurs.
Ce matin j'ai percuté et je prends toute la mesure de l'effort fourni, du bonheur ressenti.

Bon assez de mélo, passons au concret :

Très surprenant, je n'ai mal nulle part. Quelques sensations désagréables aux genoux (sensation d'avoir les genoux montés sur ressorts à boudin) qui passeront avec une bonne sieste et une cure de jet en piscine (merci Doc).

Je sais que c'est un peu prématuré et que je suis sûrement dingue.
Alors qu'hier Tugdual me demandait de nous inscrire au marathon de La Rochelle, je restais perplexe sur mon envie et ma motivation pour y participer.
Il est fou, celui-là : j'ai trop mal, j'veux plus jamais courir aussi longtemps...

Ce matin, j'ai déjà tout oublié de la souffrance et je veux y retourner rapidement.
Ce matin, il ne reste que les bons moments et le dépassement de soi.
Ce matin, je nous ai inscrit et trouvé un appart'hôtel -
c'est fait, c'est décidé, j'enchaînerai sur un deuxième marathon avant fin 2010.

Pour quelqu'un qui voulait faire un marathon avant ses 40 ans !! Je deviens boulimique.

Hier Tugdual me demandait si j'étais contente, excitée de participer au marathon.
Je lui ai répondu, je serais contente le jour où le marathon fera parti de mes entraînements et ne sera plus un objectif en soi.

C'est à dire le jour, où 42 kms passeront comme une lettre à la poste.
Un jour, ça arrivera, j'y crois...

En tout cas j'ai analysé ma séance d'hier et whoooo j'ai fait du 13,04 kms/h sur les derniers 2,5 kms du parcours.

Là je suis motivée pour améliorer tout ça en novembre.

2 mai 2010

JE SUIS MARATHONIENNE

Samedi 1er mai :
Je passe rapidement sur la journée d'hier qui était interminable.
J'étais claquée toute la journée, avec une irrépressible envie de dormir.
Pendant le repérage du parcours, je piquais du nez et en rentrant j'ai dormi 1 heure (j'aurais dormi plus si Tugdual ne m'avait pas réveillé).

Je suis un peu démoralisée car le parcours n'est pas si roulant que ça.
La deuxième moitié du marathon comporte pas mal de difficultés sous forme de bosses dès le 27ème kilomètre - ça promet d'être dur (3 belles bosses et plusieurs faux plats).

En plus je trouve déjà long de faire le parcours à voiture et je n'ose imaginer que demain je vais le faire en courant.

Je suis au 36ème dessous...

Nous essayons de nous changer les idées en allant voir Ironman 2 au cinéma, et j'avoue que le sourire carnassier de Robert Downey Junior me fait oublier quelques instants l'échéance de demain.

Nous rentrons excités comme des puces car l'échéance est très proche.

Je ne me suis endormie qu'à 23 h 40 car j'étais trop énervée et tendue.
(n'me stresse pas Chéri, J'suis TENDUE)

La nuit a été courte car je me suis réveillée à 4 h 00 du mate et qu'ensuite j'ai mis du temps à me rendormir.

Dimanche 2 mai 2010 matin, Marathon de Nantes 42,195 kms

6 : 00 le réveil sonne, je me lève, la tête dans le gaz total.
J'ai rêvé que ma défunte maman m'apportait un brin de muguet, je crois que ça veut dire que je finirais le marathon : elle veille sur moi.
Je mange un cake de Babou qui a du mal à passer, j'ai la nausée, mon estomac est tordu.
Je file sous la douche et retourne me coucher car je suis pétrifiée de froid.

Tugdual est super stressé et j'ai du mal à faire en sorte que cela ne m'atteigne pas trop.
Il vient me houspiller car il a peur d'être en retard.
Il a raison, face au stress, je me réfugie souvent dans une posture amorphe, voir dans le sommeil profond.
Et là je suis super stressée et j'ai envie de dormir comme jamais.

Je me secoue un peu et m'habille vite fait (tout est préparer de la veille). Il pleuviote dehors, ça me file le bourdon de devoir démarrer le marathon sous la grisaille, le froid et l'humidité.

Je décide de mettre mon tee-shirt Odlo d'hiver sous mon super tee-shirt Runvirginie.

Nous voilà dans la voiture en route pour l'Ile des Machines. Oulala d'un coup j'ai super faim (le stress qui fait son effet encore). On fait demi-tour et j'emporte des krackers pour en manger un paquet avant que mon estomac ne remonte dans ma gorge.

J'ai une boule au creux du ventre depuis que je me suis levée. J'ai la peur qui me ronge les entrailles... Mon coeur cogne dans ma gorge et je me réfugie dans le silence.

Nous arrivons sur le site et je n'arrête pas de faire pipi toutes les 2 minutes (alors que ça fait 1 heure que je ne bois plus rien).
Je demande à Tugdual de venir m'accompagner sur un léger échauffement et nous trottinons sur quelques mètres. Je suis contente les sensations sont au rendez-vous.
J'en profite pour avaler mon premier immodium. Je me sais fragile du côté intestinal et je ne veux pas que cela vienne gâcher la fête.

Je me sens un peu mieux au contact de mes congénères capeurs. ça sent l'embrocation siamoise (je sais que ça n'existe plus, mais cette odeur a bercé toute mon enfance) et c'est comme une petite madeleine de Proust qui me réconforte et me donne du baume au coeur.

Les autres barjos de la course ont l'air encore plus stressés que moi et me jette des regards hallucinés de biche pris dans les phares d'une voiture.

Je trouve qu'ils sont tous vachement affûtés mais Tugdual me rassure en me disant qu'il doivent penser la même chose de moi.

Maintenant la boule de mon estomac fait la taille d'une boule de bowling, il est temps que le départ soit donné.

9 h 00 : ça y est nous voilà dans le feu de l'action. Enfin dans le feu de l'immobilité.
ça n'avance pas devant nous. Nous passons sous l'arche presqu'en marchant.
Je dis à Tugdual, bon c'est cool, si c'est comme ça, ça sera pas trop dur - il sourit.

Nous passons les premiers kilomètres assez rapidement. En tout cas bien au dessus de l'objectif de 6:05 fixé par nous-même.

Nous sommes aux alentours de 5 : 40 du kilomètre et mon souffle a du mal à se caler.
Pourtant le ballon des 4 h 30 est bien loin devant nous.
Nos voisins sont surpris comme nous que le meneur soit parti si vite.
Moi je m'en fiche, j'essaie de caler l'allure voulue et ne m'occupe pas de ce détail.

5ème kilomètre : nous sommes pile dans l'allure ciblée, je suis contente et c'est chouette.
10ème kilomètre : toujours dans les clous, nous passons à 1:00:27 au lieu de 1:00:34
Quelqu'un me dépasse et reconnait le nom de mon site et mon patronyme inscrit sur mon tee-shirt.
Il me dit "Hey, je connais ton blog, je le lis régulièrement, il est super"
Déjà que je n'arrêtais pas de sourire depuis le début, là c'est la méga-banane.
C'est chouette la course à pied.

Tugdual semble surpris et pense que le 10ème n'est pas placé au bon endroit.
Il trouve ce kilomètre un peu court.
En tout cas maintenant la boule de mon estomac est parti, je me sens enfin dans la course.

Moi je mets du coeur à l'ouvrage, bien que mes pulses soient tout de même un peu hautes.
Je tourne aux alentours de 155 bpm et j'aimerais bien accélérer un peu, mais j'ai peur de me fusiller.

Au 14ème kilomètre je regarde ma montre et je constate que nous sommes à 1 h 26 au lieu d'1 h 24. ça me colle le bourdon illico-presto.
Je commence à avoir sérieusement envie de faire pipi et n'ose pas trop boire à mes gourdes pour ne pas accentuer l'inconfort.

Je rencontre un sérieux coup de mou entre le 15ème et le 17ème kilomètre. Le moral n'est pas au rendez-vous.
Tugdual me dira plus tard que c'est le constat sur notre allure au 14ème kilomètre qui m'a perturbée.
Rajouter à cela que je commence à épuiser mes réserves de sucre (ce que j'ai pris au 10ème kilomètre n'a pas encore agit) et vous aurez une Virginie toute déconfite.
Je repense aux message d'encouragement des filles de CAF et aux hurlement de Quasi au 3ème kilomètre et ça m'accroche pour la suite.
Je repense aussi à mon rêve de la veille et je me dis que je n'ai pas le droit d'échouer aujourd'hui.

17ème kilomètre : j'ai pris des Jelly Bean à la caféine, ça me file une pêche d'enfer. Je branche mon ipod et c'est parti avec Aretha Franklin et son fameux " Think".
Je mène une allure d'enfer. Tugdual me tape sur l'épaule pour me faire ralentir.
Ralala ce qu'il peut être rabat-joie des fois. J'ai de supers sensations, des petites ailes aux chevilles et je veux voler...

19ème kilomètre : je commence à avoir les jambes dures, ça me file la trouille, car c'est un peu tôt pour commencer à souffrir.
Il faut dire que j'ai taper dans le dur sur 2 kilomètres en montant mes pulses allégrement à 170 bpm.

Je demande à Tugdual s'il ressent la même chose et il me fait signe que non - ça m'énerve, mais ça m'énerve. A ce moment là, j'ai envie de lui faire mal - Je sais ami lecteur tu me trouve dure, mais quand je souffre et bien je suis méchante.

21,100 kms : le semi est passé en 2 h 11, pour l'instant pas de réelles difficultés et puis depuis le 20ème kilomètre je n'ai plus vraiment mal aux jambes.
Je me sens à nouveau mieux car je m'alimente régulièrement.
Pour l'instant je ne me suis arrêtée à aucun ravitaillement, je navigue en auto-suffisance.

Le beau temps est au rendez-vous depuis le début, et vraiment ça rend cette course très sympathique.

Nous ne sommes plus dépassé maintenant et notre allure est constante depuis pas mal de temps.
ça me fait plaisir de constater que l'entraînement paye et me permet de ressentir exactement quelle foulée je dois avoir pour atteindre mon objectif.

La musique berce toujours ma course, Daft Punk en live et j'ai l'impression que leur public m'ovationne moi. Je deviens mégalo au fur et à mesure que le parcours est avalé.
Je souris aux anges, je n'arrête pas de me dire, tu es en train de courir un marathon.
Je me sens l'Élue, je suis touchée par la main de Dieu.

24ème kilomètre nous courrons maintenant en bord de périphérique et nous accompagnons un groupe qui pousse des enfants malades sur une charrette tout le long du marathon.
Ils sont très motivés et se relaient régulièrement. ça rigole, ça se vanne.
Nous restons à leur hauteur pendant 4 kilomètres. Ils sont chouettes.

La petite fille qui est dans la poussette nous lance des regards doux et son sourire est un vrai soleil - A ce moment là : je l'adore cette petite fille.
Je me dis, regarde la chance que tu as de courir, de sentir la douleur de tes muscles.
Elle, elle ne peut que participer par le coeur et la pensée et pourtant elle sourit comme si elle galopait pour de vrai.
Son courage me redonne de l'énergie.

27ème kilomètre et je suis en super forme. Le fait d'avoir dépassé le semi me donne moral d'acier. Je me dis "maintenant tu vas approcher vraiment et toucher du doigt le vrai marathon".
J'ai hâte car je sais que bientôt, je saurais où se situe exactement ma volonté et ma force mentale.

Nous montons la première bosse, et déjà certain marche et sont mal en point.
J'adore monter les bosses dans ces conditions. Je m'étais préparer mentalement à ce challenge, je suis prête. A l'aide de mes bras et à menues foulées j'avale la première côte.

Il règne un silence de cathédrale...Aucun bruit, pas même celui des pas sur l'asphalte, ou celui des souffles des coureurs. Nous souffrons tous en silence. Nous sommes en recueillement, focalisés sur nos objectifs personnels. St Marathon est un dieu cruel.

30ème kilomètre : nous voilà sur une seconde bosse et accessoirement au point le plus loin que j'ai jamais parcouru jusqu'à présent. Je coupe ma musique.
ça y est j'y suis, les 12 kilomètres qui restent sont de l'aventure pure et dure.
Un challenge mental entre moi et moi.

Tugdual s'arrête au ravitaillement pour me remplir ma gourde et manger quelques fruits secs.
Il mettra un peu plus de temps que prévu à me rattraper. Il commence à morfler, alors que moi je vais super bien et ai un peu accéléré.
Il m'avouera plus tard qu'il pensait être largement en meilleur condition que moi et qu'il ferait ce marathon facilement.
C'est pour ça qu'il a joué les ravitailleurs et fait des pointes de vitesse pour me rattraper après les stands. (Il le paiera en fin de course).

Je commence à avoir vraiment mal aux jambes et mes mollets sont durs. Je ne sens plus mes pieds, je sais que maintenant c'est ma tête qui coure et non plus mes jambes.

J'ai mal au ventre, je sens les prémices d'un inconfort intestinal imminent.
Je fais fondre mon deuxième immodium de la journée en priant le ciel que ça me fasse tenir jusqu'au bout.

32ème kilomètre, je te rappelle lecteur que j'ai envie de faire un gros pipi depuis 2 heures.
J'aperçois un bosquet en bas d'immeubles. Et maintenant les autres capeurs sont loin devant et derrière nous - je me sens plus sereine pour me soulager.

Je fais signe à Tugdual que je m'arrête - il m'attend comme un gentleman.
Evidemment, arrive ce qui devait arrivé, mon corps me trahit d'un coup et m'inflige l'humiliation d'une défécation sauvage, violente et très peu féminine.

Je suis morte de rire en revenant sur le parcours et raconte l'histoire à Tugdual qui est plié en deux. En tout cas maintenant, allégée de toute dignité humaine, mes pulses sont redescendues à 160bpm.
Je me sens toute alerte et suis contente de penser que plus rien ne peut me ralentir (j'aurais tort vous vous en doutez).

J'ai mal à la tête car je commence à être déshydratée et l'effort fourni devient assez intense pour moi. Je bois plus que sur la première partie de parcours et ça passe doucement.

33ème kilomètre : nous passons devant Martine et Michel qui nous attendent pour nous encourager. C'est chouette, ça me file la pêche. Je lui crie que tout va bien et que je me sens en pleine forme tout en lui faisant signe que c'est dur et que je souffre. Elle éclate de rire, elle connaît mon côté tête brûlée.

37ème kilomètre : oulala ça devient extrêmement dur de soulever les pieds. Maintenant j'ai vraiment mal et mes muscles se rebellent. Beaucoup de personnes marchent et ont l'air rincée.
Moi je suis rincée mais il est HORS DE QUESTION que je marche.

Je ne sais plus si c'est à ce moment là que je me suis arrêtée pour la première fois au ravitaillement mais il est sûr que maintenant je prends tout ce que l'on me tend.
Je veux donner du jus à mes muscles, je supplie mon corps de ne pas me lâcher maintenant.

Je me répète en leitmotiv "t'es une putain de marathonienne, t'es une putain de marathonienne".

Je serre les dents, j'ai mal : tant mieux. je l'ai voulu cette confrontation avec ma volonté.
Je l'ai... je la savoure.
Je pense : il reste 5 kilomètres, je me sens incapable de les faire. Si j'étais en entraînement j'aurais arrêté là.
Un homme s'allonge parterre pris d'une énorme crampe. Aider de son collègue, il essaie de faire passer la contracture.

Nous passons maintenant dans le jardin des plantes et Tugdual n'est pas bien. Moi qui avait l'impression d'aller moins bien que lui. Je m'aperçois dans un virage qu'il lâche prise.
ça n'augure pas du meilleur pour la suite.
Pourtant cette partie du parcours est super agréable et jolie, moi j'essaie de profiter des encouragements et de la présence rassurante des arbres pour oublier ma douleur.

Nous voilà dans une étroite ruelle, Tugdual s'exclame, mais par où nous font-ils passés ?
Je lui répond "ils nous emmènent au finish".
Je sens qu'il commence à craquer moralement. Je me dis que s'il le faut je l'emmènerai par la main mais qu'il ne me claquera pas dans les doigts si près du but.

38ème kilomètre : Tugdual se met à marcher. AH NAN ! me dis-je en continuant à trottiner.
Je l'invective "Aller Chéri, Aller, si je peux le faire, tu peux le faire".
Il me répond "oui, oui je sais" et se remet à trottiner.

J'essaie de ne pas trop soulever mes pieds pour courir car à chaque fois cela déclenche des décharges de douleurs presque insupportables.
Mais je me sers de mon expérience d'accouchement sans péridurale et me dis "tu as survécu à ça et c'était 100 fois plus douloureux donc tu peux y arriver, tu vas y arriver, T'ES UNE PUTAIN DE MARATHONIENNE".

Tugdual se remet à marcher. Je suis derrière lui à ce moment là. Je le dépasse et lui attrape le poignet. S'il faut que j'utilise mes dernières forces pour le traîner, je le ferais.
S'il lâche prise maintenant, je vais flancher.
Il se remet à courir...il est mort...

Nous arrivons maintenant près du pont St Anne qui annonce les derniers kilomètres. Nous entendons d'ailleurs les hauts parleurs du finish.

Je dis à Tugdual "aller c'est la dernière bosse et on y est !".
Une dame qui a finit son marathon nous crie "Aller les gars et les filles, c'est la dernière bosse, on va chercher la médaille".

J'ai les mollets en feu. Mes jambes sont coulées dans le béton et pourtant j'arrive encore à les soulever. Il est HORS DE QUESTION de marcher. Beaucoup marchent dans cette ultime bosse, mais moi JE NE MARCHERAIS PAS.

Après la bosse Tugdual se remet à marcher. Je le laisse, je le sens à bout. Il me dit accélère si tu veux moi je ne peux pas. Je ne veux pas le forcer à me suivre. Je sais qu'il est déjà triste de ne pas finir avec moi. Pourtant je ne me sens pas la force d'accélérer et rigole à sa proposition.
Mais finalement comme je cours, je commence à mettre de la distance entre nous.

40ème kilomètre, je me fais dépasser par le ballon des 4 h 30. Alors là NON DE DIEU, il est HORS DE QUESTION de finir derrière lui. Je ne sens plus Tugdual dernière moi et j'espère qu'il va mieux.
La meneuse est super sympa, elle m'encourage : "prends du glucose pour les 2 derniers kilomètres, vas-y tu vas y arriver, tu peux jurer tout ce que tu sais maintenant"
Je m'arrête au dernier ravitaillement, prends du glucose (c'est immonde) et me précipite vers l'eau pour rincer ce goût dégueulasse.

Et là je me dis "maintenant tu te sors les doigts.....de la bouche et tu vas accélérer ma cocotte et tu vas finir ce marathon avant 4 h 30".
"C'est pas 2 kilomètres qui vont te faire peur!!!"
"T'es une runneuse et tu ne lâches rien"

Il est 4 h 17, je m'engueule "tu devrais déjà être arrivée, quelle C****, arrête de te plaindre et AVANCE BON DIEU, t'es UNE PUTAIN DE MARATHONIENNE et tu dois courir au lieu de te trainer"

Et à partir de ce moment je commence à accélérer. je redouble le ballon des 4 h 30, et d'autres capeurs rincés comme des soupes. Au coin du quai des Antilles je double un jeune homme en m'esclaffant "Il commence à me casser les Burnettes ce marathon". C'est idiot, mais jurer depuis que j'ai mal me fait un bien fou.

Km 41 - la machine est relancée




J'accélère encore. M'en fou, ça passe ou ça casse. 42 ème kilomètres et j'ai doublé pas mal de monde qui me regarde avec un air ahuri se demandant ce que je fais à accélérer comme une dératée alors que s'il me reste tant de jus, j'aurais pu courir plus vite tout du long.

Ce qu'il ne savent pas c'est que du jus, je n'en ai point.
Je cours grâce à ma volonté, à ma haine. Car maintenant j'ai la haine de ce foutu Marathon. Je le maudis, je me maudis. Je vais lui foutre un bon coup de pied aux fesses à ce Marathon.

Je m'appelle Virginie LOZINGO GRALL (c'est marqué dans mon dos) et JE SUIS UNE PUTAIN DE MARATHONIENNE.

Les derniers 500 mètres : j'accélère au maximum. Mes foulées sont larges et puissantes, mon souffle est court, ma tête est déformée par l'effort.

Je passe la ligne d'arrivée et vois le panneau affiché 4 h 28 - ma montre affiche elle : 4 h 27.
Quelqu'un me saute dessus dans le sas pour m'enlever la puce.
Je n'arrive plus à marcher. Je titube d'une table à l'autre.
Un pompier s'attarde un peu à ma hauteur avec un air interrogateur.
Je sais que je grimace, je crois que je vais m'effondrer mais non mes jambes avancent.
je marche comme un robot désarticulé.

Je ne pleure pas, j'ai mal, très mal. Je ne suis pas heureuse, je ne suis pas triste.
Je suis sous le choc.

On me met une médaille autour du cou, il faut que je me penche car la dame est toute petite, j'ai peur de m'écrouler sur elle et de l'écraser.
On me tend un sac de pub et quelqu'un veut me donner une inscription au marathon de Vannes.
Voyant ma tête, il recule le papier et dit " non, non, je crois que vous n'avez pas envie"
Moi je crois que j'ai envie de le mordre tout simplement et qu'il a compris le message et a eu la trouille.

Je me mets derrière un poteau métallique pour m'étirer les mollets, j'ai tellement mal que je pleure. Enfin j'essaie de pleurer car aucune larme ne jaillit, mon corps ne sait plus fabriquer de larmes. Je gémis plus que je ne pleure.
Au bout de 10 secondes, je me dis que si je ne me ressaisie pas je vais finir à l'infirmerie car je vais complètement craquer. Mes nerfs me lâchent.

Je n'ai qu'une envie tomber dans les vapes pour ne plus avoir mal.
Pourtant j'avance comme un zombie en quête d'un siège.

Je décide d'aller m'asseoir par terre, au soleil et de masser mes mollets contractés et ultra douloureux.
Une dame qui s'étire me demande si ça va.
Je lui dis que non, que c'est mon premier marathon.

Elle me demande combien de temps j'ai mis, et je lui annonce penaude : 4 h28.
"Oh moi aussi "répond-elle.
Cette dame doit avoir 50-55 ans et à l'air en meilleure forme que moi. Sur cet entrefaite, sa fille arrive.
La dame s'exclame "c'était génial, j'aurais pu continuer encore longtemps"
Là, j'ai failli re-pleurer et je l'ai enviée.

Tugdual arrive enfin. J'avais peur qu'il ait craqué complètement mais il s'est mis à recourir.
Il finit en 4 h 33 et à l'air dans un aussi piteux état que moi.

Nous essayons d'aller nous faire masser mais il y a trop de monde et rester debout dans la queue nous est insupportable.

Nous marchons sans plier les genoux ce qui nous donne la démarche de manchots empereurs échoués sur la banquise.

Je crois bien que je ne retrouverais jamais plus aucune sensation de bien-être dans mes jambes.
Mais je suis heureuse...

CE SOIR JE SUIS UNE MARATHONIENNE et qui plus est une marathonienne qui a fini en sprint (enfin en courant vachement vite je trouve).

Je suis fière de moi malgré les 8 minutes supplémentaires sur le temps total et me promet de recommencer prochainement.

La Rochelle : attention me voilà....

Objectif : finir le marathon avec le sourire et éviter le mur au 37ème kilomètre.
plan d'action : tester les boissons d'effort pendant l'entraînement et éviter ainsi de manger du solide (problème intestinaux) en apportant du glucose tout du long aux muscles.
Faire en sorte que ma FC moyenne ne dépasse pas 155 bpm (163 bpm de moyenne sur toute la course c'est bien trop haut et c'est en partie pour ça qu'au 37ème je n'avais plus de jus).

Résultat :
42,195 kms
4 h 27 :33
2 965 kcal
163 bpm moyen
177 bpm maxi
1 539ème / 2 200 inscrits (1 707 arrivants)
109ème femme/144
26ème / 39 dans ma catégorie

Sensations post-marathon : au bout de 2 heures je n'ai plus aucune douleur musculaire (ça me surprend énormément).
Je souffre uniquement des genoux et des hanches. Mes articulations ont bien morflé, j'ai l'impression que mes rotules vont jaillir de leur écrin.
Je fais 20 minutes d'étirements, je me déplace à l'allure d'une tortue.

Je passe une très mauvaise nuit. Ma peau est brûlante. Mon corps se répare et ça turbine dur là-dedans.

J'ai de petites fringales, mais je n'arrive pas à manger, je fais de l'anorexie post-sport (enfin c'est comme ça que je l'analyse).

Si Tugdual ne m'avait pas préparer un plat de pâtes, je me serais couchées sans rien d'autre qu'un morceau de pain.

Je n'ai pas le goût de me nourrir. Pourtant les pâtes sont bonnes.
Je pense à manger aussi des protéines pour réparer mes fibres musculaires (je ne sais pas si j'ai mangé correctement pour bien récupérer).
Je colle une tranche de saumon fumé dans un morceau de pain et le goût du sel me fait un bien fou, ça me donne autant de plaisir que de manger un bon bout de chocolat.

Je me sens un peu mieux et vais même manger un yaourt.
Le sel m'a redonner envie de m'alimenter...

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Ce soir je suis marathonienne et c'est tout ce qui compte...