1 janv. 2010

FINIR L'ANNEE 2009 EN BEAUTE

Tel était le but de cette longue sortie en ce jour de St Sylvestre.
Tugdual et moi avions prévu de faire 25 kms pendant nos vacances en amoureux.

Je ne crois pas du tout dans les préparations marathon qui ne font pas tester nos capacités sur des sorties de plus de 2 h 30.

Je sais que je suis capable physiquement et mentalement d'encaisser
2 h 30 / 3 h 00 de course, car je l'ai déjà fait.
Mais pour finir le marathon, il va falloir que je cours 4 h 15/ 4 h 30 et là c'est flou total.
Je ne sais pas du tout comment mon corps va réagir au delà de 3 h 00 et surtout comment ma tête va gérer le doute et la douleur.

C'est pourquoi, je pense qu'en ce qui me concerne, il faut que j'arrive en terrain balisé pour le marathon. Que je me confronte déjà à plusieurs éventualités sur du long pour qu'en compétition je puise aller chercher les ressources nécessaires afin de gérer ma course au mieux et ne pas lâcher prise.

Nous garons la voiture sur le parking à Pirmil près du restaurant le Ripaillon.
Tugdual a cherché un parcours sur google maps et nous a trouver un trajet bucolique de
25 bornes.

Il n'est pas très zen ce matin, je le sens stressé, il ne parle pas beaucoup et a le visage fermé.
En fait, il n'est pas très motivé pour aller faire cette sortie, mais il a quand même envie de m'accompagner et il sait qu'une fois fait, il sera fier de lui et content.

Nous nous apercevons très vite, en allant déposer la voiture, que les rivières ont débordé de leur lit un peu partout et nous coupent les accès de notre trajet.
Cette sortie ne commence donc pas sous les meilleurs augures.

Au bout d'une heure à virevolter pour trouver d'autres chemins, nous décidons de prendre le périphérique et de voir comment nous allons nous débrouiller à pied pour y retourner.

voilà le top départ, nous partons de la maison vers 11 h 00 (on a perdu vraiment beaucoup de temps à essayer de trouver un parcours).

Déjà je trouve que c'est difficile. Je n'avance pas et je ne suis pas trop motivée.
Il faut dire que j'ai chopé froid lors de notre dernière sortie dimanche 27/12 et je pense que je suis un peu affaiblie.

Tugdual quant à lui a des petits problèmes avec son accéléromètre qui ne fonctionne pas.
Nous perdons encore de précieuses minutes à essayer de fixer le bug.
Je finis par prendre un peu d'avance sur le parcours, histoire de ne pas attraper encore plus froid.

Tugdual me rejoint quelques minutes plus tard et nous attaquons du faux-plat.
J'ai déjà trouvé plus plaisant comme phase d'échauffement, mais je ne bronche pas.

voilà une petite côte et Tugdual à l'air en forme car il me devance, moi je n'arrive pas à avancer, je suis démoralisée et je n'arrive pas à savoir pourquoi.

Au bout de 5 kms, je décide de mettre mon ipod en route, il me faut de la musique pour me donner la pêche et accélérer un peu plus.
ça fonctionne et ma foulée s'allège, je prends enfin un peu de plaisir.
Mais très vite nous sommes confrontés à un barrage d'eau et devons rebrousser chemin.
S'il y a bien une chose que je déteste, c'est retourner sur mes pas.
Nous montons donc une belle côte et essayons de trouver un autre chemin.

Kms 8 et tout va bien, nous longeons une nationale (ce n'est pas top, mais nous n'avons pas le choix).
Puis Tugdual vire à gauche dans un petit chemin rocailleux qui est plus agréable.
Je stoppe mon ipod, maintenant je suis bien échauffée et prête à rejoindre notre voiture dans les meilleures conditions.

Km 12, et c'est la pose pipi habituelle. J'en profite pour manger un peu.
Je suis bien lente en cette belle journée, je n'ai plus de jus on dirait, mais bon le plaisir est encore là.
Sauf que ça monte toujours. J'ai l'impression de n'avoir fait que ça depuis le départ.

Je sais que j'ai besoin de renforcer un peu plus mes jambes en faisant ce genre d'exercice.
Mais les exercices en côte, je préfère les faire sur du court et non sur du long.

On continue, et nous revoilà sur la nationale. Là s'amorce une looooongue descente.
ça me ravigote, j'accélère, je vole, c'est chouette, ça me file le moral.
Mais je relève la tête et vois se profiler à l'horizon un mur d'au moins 1 km.

Km 15, encore une saloperie de montée. J'ai mal aux jambes, mes mollets sont sur le point d'exploser et en plus je n'avance pas. La côte est sans fin. Je ne peux m'empêcher de laisser divaguer mes pensées et bizarrement me reviennent en tête les images de mon dernier accouchement.
Cet accouchement sans péridurale, où j'ai bien cru que j'allais mordre la sage-femme, tellement j'étais en colère. La douleur provoque chez moi, de drôles de réactions. D'abord, il y a la révolte qui se transforme très très rapidement en haine.
A ce moment là, je n'ai qu'une envie en regardant le postérieur de mon compagnon (il est encore devant moi) - je n'ai qu'une envie : lui botter le cul pour m'avoir emmener sur un parcours si dur, qui ne me laisse aucune occasion de plaisir.
Le fait qu'en plus, il a l'air de gravir cette montagne sans sourciller et sans faiblesse, rajoute à ma colère.

Je pense en moi-même, dès qu'il reste 4 kms, je lui fous une ratatouillle, je le grille comme Speedy Gonzalès le ferait, même si je dois y laisser un poumon et deux rotules.

En haut de la côte, il a même l'impudence de s'arrêter pour me prendre en photo en plein effort.
Je passe à sa hauteur et lui crie "Je te déteste" - Il se marre.
Si mes yeux avaient été des poings, je le mettais KO de suite.

Km 19, une autre pose pipi, j'ai l'impression que ma vessie n'est pas plus grande qu'un dé à coudre.
Les vibrations de la course me donne des envies d'uriner aussi bien que le ferait une cystite.
Nous sommes en haut d'une bosse (encore une) et j'en profite pour faire quelques étirements.
J'en ai ras la frange, je veux du plat jusque Nantes, je ne veux plus de côtes.

Et bien je ne serais pas exaucée. Nous enchaînons encore quelques montées.
Je ne réfléchis plus, seul le but à atteindre est dans mon esprit. J'avance mécaniquement, je me fiche de tout, de ce parcours, de ma douleur, du plaisir, de cette sortie.
Je fais mon chemin de croix, en silence et absente de mon corps.

Nous voilà à Vertou et là je reconnais tout de suite le chemin. Je suis contente, je sais qu'il n'y en a plus pour longtemps. Le fait d'avoir enfin un repère visuel me réconforte. Je me sens fatiguée mais d'attaque pour aller au bout.
Bon s'il y avait eu la voiture à cet endroit, je ne me serais pas fait priée pour rentrer, car ça fait maintenant 23 kms que nous grimpons, on a fait 3 fois demi-tours à cause des inondations et je n'ai plus le moral.

Mais là je me regonfle un peu. Sauf que Tugdual me fait signe et me montre une énorme marre qui coupe encore notre route. Il courre jusqu'à sa hauteur. Moi je sais que c'est mort, je n'ai pas envie encore de rebrousser chemin, je fais des étirement en attendant le verdict.
Impossible de passer, Tugdual a l'air perdu. Il ne sait plus par quel chemin y arriver.

Je lui dit, on prend la route des voitures et on en termine.
Il me dit, oui mais ça va rallonger je pense.
A ces mots mes genoux flageolent, un gouffre s'ouvre sous mes pieds. Ma tête refuse de mettre un pas de plus au compteur.

Tugdual me dit allez hop c'est parti et on fait demi-tour. J'arrive encore a soulever mes pieds, je ne sais comment. Et quelle surprise, ça monte encore....

J'ai mangé toutes mes rations et je commence vraiment à avoir la fringale.
Je n'ai plus envie de sucré, mais je rêve de manger du salé (j'ai un peu la nausée, l'idée du sucre me donne des hauts-le-coeur).

En haut de la bosse je regarde ma montre : nous avons fait 25 kms.
Je regarde autour de moi, je ne reconnais rien, rien n'est familier.
Je me dis il reste quoi : 5 ? 10 kms ?
Je suis capable de faire encore combien ? 10 ? non jamais - 5 kms ? oui peut-être mais pas plus.
Je m'affole, ma tête panique, je lâche prise.
Je n'aie pas la force d'appeler Tugdual, alors je le siffle avec les doigts.

Il s'approche de moi, je suis penchée en avant dans la position du Jockey, les mains appuyées sur mes genoux, j'essaie de détendre les muscles de mon corps.
J'ai mal partout : au squelette, aux tendons, aux ligaments, aux muscles.
Douleurs près de la malléole interne, aux talons, sous la voûte plantaire.
J'ai trouvé l'enfer, il n'est que douleur, désarroi, doute et sueur glacée.

Je dis a Tugdual : "j'y arriverais pas"
Il me dit : "mais si on n'est plus très loin"
Je lui dis : "non, non, je n'arriverais pas à finir un marathon"
Il me dit : "bien sûr que si, on s'est fixé 25 kms, et ils sont fait, tu as atteint ton objectif"
Je lui dis : "combien il reste à faire ?"
Il me dit : "Je ne sais pas, le GPS n'arrive pas à nous localiser correctement. Je pense 5-7 kms"
Je lui réponds : "OK, j'ai besoin de me reposer, on marche 3 kms et je cours les 4 derniers"
Il me regarde, mais n'a pas l'air sûr de ce qu'il m'a dit.
Je lui demande : "tu es sûr qu'il ne reste pas plus hein ?"
Lui : "ben justement, non "

Alors là, c'est le cours-circuit cérébrale dans mon cerveau. C'est à ce moment précis que je perds espoir et que je flanche psychologiquement.

On marche maintenant et Tugdual me soumet l'idée de faire du stop.
Il est fou, jamais de la vie, je ne m'abaisserai à me faire voiturer pour rentrer d'un entraînement.

Je lui dis que je préfère l'option d'attraper un bus - je ne sais pas pourquoi, mais ça me parait moins honteux. Car on peut encore se fixer un objectif : celui d'atteindre le prochain arrêt de bus.

Lorsque je m'aperçois que nous sommes près du Décathlon Vertou, Tugdual revient à la charge avec son stop - il me dit que le centre est encore plus loin qu'il ne pensais - et je lui dis OK - J'en ai plus rien à faire après tout.

Au bout de 2,5 kms, une voiture s'arrête. J'espère qu'elle ne prend pas le même chemin que nous. Je n'ai pas envie d'arrêter le combat, même si paradoxalement je n'ai plus envie de bouger mes jambes.

Effectivement, la dame ne va pas dans notre direction. Je m'apprête à la remercier, mais Tugdual ajoute : "dommage, car nous venons de faire 25 kms en courant et on est fatigué".
A ces mots la dame nous intime l'ordre de grimper dans sa voiture et nous promets de nous emmener au point de chute.

Je suis déçue, mais quand même contente de m'asseoir et de me faire véhiculer.

En rentrant à la maison, je vérifie combien il nous restait de kilomètres à faire du Décathlon à Pirmil.

Il restait en fait 4 kms. Juste 4 pauvres kilomètres.
J'ai encore plus la rage, je suis sûre que si je l'avais su, j'aurais eu le courage de finir.

Tout cela ne me donne que plus envie de recommencer et de rallonger la distance.
Il faut que je me muscle le mental autant que les jambes - j'en ai la preuve maintenant - tout se passe dans la tête.

Je sais aussi, qu'il faut que je m'alimente mieux en course. Que je commence plus tôt à manger et que j'emmène le double de ration la prochaine fois. Que je prenne autant de salé que de sucré.
Mais là je suis regonflée pour faire mieux.
2010 n'a qu'à bien se tenir et comme l'aurait-dit mon père :
"ON A BEAU DIRE, ON A BEAU FAIRE, CONTRE LOZINGO, Y A RIEN A FAIRE"

Bilan

25 kms à 9,7 kms/h
2,5 kms en marchant
1 560 kcal et un kilo de moins sur la balance (je suis vidée, épuisée)
FC moy : 133
FC max : 169

et en plus je n'ai même pas mal aux jambes en ce premier jour de l'année.
En revanche, je n'arrive pas à me réchauffer depuis hier. Je pense avoir fait un peu de déshydratation car j'ai eu la nausée plusieurs heures après et des étourdissements aussi.





View 2009-12-31 - Long Run in a larger map

2 commentaires:

Marathonblog a dit…

Bravo pour cette course qui a mis ta volonté à l'épreuve. On voit les progrès réguliers et constants en lisant le blog. Tu es sur la bonne route pour le marathon. Il faut en effet faire des sorties longues mais à mon avis pas plus de 2h30-3h et laisser au moins 10-15jours entre deux sorties longues. Surtout les faire en courant super doucement et éviter de se blesser +++. . Au fait, les flaques d'eau, tu peux courir dedans, cela ravigore les pieds et les jambes et bien sur cela évite de trop rallonger le parcours. Bonne année 2010 !

Virginie_l a dit…

Bonne Année à toi aussi,
mais ce n'était pas des flaques, c'était de vrais étangs (de l'eau jusqu'au genoux au moins) :-D