5 août 2013

BREIZHMAN – J – 28

Dernière compète d’entraînement et cerise sur le gâteau, nous sommes une petite vingtaine du club à participer.

Au programme 3 kms de natation / 84 kms de vélo / 20 kms de course à pied sur le site magnifique de Trémelin près d’Yffendic.

Depuis quelques jours, il se chuchotte que la natation sera sans combinaison vu la température de l’eau et je peux vous dire que ça psychotte dur dans les rangs.


Personnellement, je me dis que Vichy se fera peut-être à l’Hawaïenne et que c’est peut-être aussi bien que ces 3 000 là se fasse à l’identique.


Le seul truc qui me turlupine c’est que j’ai vite froid même en nageant et que si l’eau est juste juste à 25-26 °C, je risque d’attraper froid.

Le matin l’ambiance est bonne, et décontractée pendant la préparation du matériel.
Parce que le but de la journée ce n’est pas tant la compétition mais plutôt le super barbecue organisé par Jejeff en post-course.

Comme à l’habitude je planifie la course dans ma tête.
Mission : nager en mode IM sans fatigue + rouler en mode IM allure entraînement pour s’échauffer + réussir à courir sans marcher bondidebondla.

Les filles partent 5 minutes avant les garçons..nous sommes 9 y compris les relais.
Autant dire que ça ne bastonne pas et que les 2 élites femmes partent comme des torpilleurs.

Le hic c’est que j’ai rien compris au parcours et que finalement je me retrouve seule pour m’orienter. Il y a 50 000 bouées et un parcours en M et je sais pas quoi viser après la seconde bouée. J’aperçois au loin les premières et je les suis.
La bouée rouge est mon prochain objectif, je fonce droit dessus et m’échoue sur un ilôt rocheux ultra coupant.
Là je vais m’exploser le dessus du pied et la main et essayer de passer sur les fesses mais ouaille ça pique.

La bouée rouge passée, il se met à pleuvoir et on ne voit plus rien tellement le ciel est bas.
Je demande au kayak quelle direction prendre et pose enfin ma nage.
Depuis quelques jours, je peux à nouveau pousser un peu sur mon appui gauche.
ça fait mal mais c'est supportable.

Je me fais remonter par les premiers garçons et nous nous dirigeons vers le ponton pour la sortie à l’australienne et le second tour (qui doit être plus rapide).

En arrivant sur le ponton, j’en vois qui se déshabille ( ??) – ils veulent abandonner ? ça leur a pas plu ?
Mais non en fait, la natation est écourtée car la bouée a bougé avec l’orage et le parcours ne fait plus 3 000 mètres.
C’est avec une certaine frustration mais une belle énergie que je me dirige donc vers la tente de transition.
Quand je vois mes bras là comme-ça ben j'ai peur

Là au milieu des premiers garçons, ça s’interroge, ça discute. Je prends mon temps pour me changer et file au vélo.

Nous sommes en Bretagne, je m’attends à ce que le parcours soit vallonné.
Nous partons sur 500 mètres de ligne droite et là une première patate qui passe et toute de suite un mur qui s’hérisse devant nous.
Je vous avoue que ça surprend pas mal de monde car ce mur est juste au détour du 1er virage en haut de la patate.
Je sers les dents et j’ai comme l’impression que mes collègues de galère reculent.
Je peux vous assurer que ceux qui sont partis avec des roues pleines et des CLM sont bien mal en point et zigzaguent dans tous les sens.

Je prends l’option de rester assise pour la montée car c’est vraiment pas le moment de faire du lactique à moins d’un kilomètre du départ.

En haut de la patate, je deviens hystérique : une pente vertigineuse et sinueuse se profile.
Une petite voix me crie : « déchausse mais déchausse fait-le en marchant tu vas tomber et mourir »
Une autre petite voix hurle : « SURTOUT NE DECHAUSSE PAS, si tu marches, tu ne remonteras pas sur le vélo »

J’ai limite envie de pleurer tellement je panique, et finalement je passe cette pente en équilibre sur mon vélo et pratiquement à l’arrêt.

Viennent ensuite 10-15 kms de montée, pas un col mais ça monte quand même tout du long.
Après la tétanisation des cuisses dans cette foutue descente, j’ai les jambes lourdes et le cœur qui bât la chamade.
Je m’essouffle et me dis que si c’est comme ça sur 84 kms, ça va être la misère.

Mais finalement vient enfin la partie roulante, le bitume est dégueulasse, il faut pédaler mais ça passe quand même bien mieux que ce que nous venons de faire.

Les gars du TCN commencent à me rattraper et me doubler.
Jejeff me donne une petite tape dans le dos et Michel reste même quelques secondes à ma hauteur pour discuter.
Il sait que je psychote dans les descentes et s’inquiète de mon état :-D

Comme nous ne sommes que 130 participants sur ce half, je me retrouve très vite toute seule.
Finalement ça me va très bien car du coup j’ai l’impression d’être à l’entraînement et pas du tout la pression de la compétition.

C’est donc en mode Cool Raoul que je tourne les jambes sur ces faux plats descendants et ces belles lignes plates.
A noter le faux plat montant près la forêt de Paimpont qui refait un peu mal aux papattes.

Par moment je regarde mon allure quand ça roule tout seul : je suis à 33 sans forcer, les mains sur les barres et je bouffe, je bois, un vrai ravito ambulant la gonzesse.
El Grandé Véludo


la petite Ni Ni au loin - la seule avec un maillot manches longues (et j'ai pas eu chaud !)
 C’est bien simple je pense qu’il n’y a pas un bénévole qui ne m’a vue sans machouiller.

J’ai mis des laps de 26 kms sur ma montre car c’est la vitesse à laquelle j’aimerais faire Vichy.
Donc tous les 26 kms ça sonne et je m’aperçois que plus les kilomètres passent, plus je vais vite.
1er lap : 26.4 kms/h
2ème lap : 26, 5 kms/h
3ème lap : 28.5 kms/h

Je vais croiser des garçons en perdition dans les bosses et qui hahannent et roulent des épaules pour relancer.
Un « terminator » à la voix rauque et casque aéro m’encouragera d’un « Bravo Miss » vachement sexy.

Le vent ne nous épargnera pas non plus et ça me fait tout bizarre de voir finalement que ça se passe bien. Vraiment je me sens bien.
Aucune baisse de moral, je me fais même un peu chier par moment sur les parties roulantes car j’ai pris le parti de ne pas pousser et je me dis que si ça se trouve Vichy ça va passer vite.

La fin du vélo sera épique. J’ai totalement déconnectée et ai oublié qu’il fallait reprendre les grosses patates et descentes de furieux du début pour retourner au parc.

Ça se passe mieux qu’au début car je ne suis pas autant surprise mais je suis bien contente de poser le vélo sans être tombée.

Ce qui est rigolo c’est que tout du long de la course et à chaque transition, j’ai la banane.
Franchement je passe un excellent moment.

Bon là on rigole plus parce que j’ai jamais réussi pour le moment à ne pas marcher sur un half. Alors je prends le temps encore une fois sous la tente de transition pour me changer et rassembler mes esprits.
2-3 autres personnes sont là aussi et je trouve ça super convivial de se changer tous au même endroit, ça fait plaisir de voir du monde.

Je pars en me fixant une allure de 6’30 du km. Les premiers hectomètres sont laborieux, les bosses de la fin ont fait des misères à mes cuisses.

Allo le ventre ça va ? « oui oui, impec, dépêche toi d’arrivé au ravito commence à faire soif »
Allo les jambes ? « … » allo ? « …. »
Ah ouais les jambes sont mortes et je suis lente mais je cours.

Au bout de quelques minutes, les jambes répondent « youhou, on est là, t’inquiètes on gère »
Ok j’accélère parce que faut vraiment que je boive un coup.

La stratégie c’est de remplir mes gourdes au 1er ravito et ensuite de prendre à boire à chaque ravito sans exception.

De 2 kms en 2 kms je vais me fixer cet objectif, arrivée en forme et boire un mélange coca-eau (plus de high 5 dans mon giron, dommage mais il faut s’habituer à prendre de tout).

Surtout pas de coca pur sinon je gerbe direct, mais par petite gorgée et en avalant de l’eau tout de suite après ça passe (bon à savoir).

Sur la 2ème boucle je vais doubler Guillemette qui souffre de points de côté (elle m’avait déposée dans la première descente à vélo).

Le parcours est super, tout à l’ombre, autour du lac et en sous-bois. C’est plat, c’est doux, c’est confortable.

Je recroise les gars du club qui m’encourage.

Mon Tugdual au 1er tour qui me tapote les fesses au ravito

Sébastien P. qui passe comme une fusée
Samuel à l’identique

Michel me demande sur quel tour je suis : « 3ème/4 » - « TU LACHES RIEN !! »
« non, non » promets-je.

Franck puis Mickaël qui me lache « l’est où Seb ??? il est devant ? » - « oui, oui juste devant »
Oh bondidebondla, vla le Mickaël qui met le turbo et moi je me marre intérieurement.

De mon côté je lâche rien effectivement, je vérifie mes allures, pas trop vite, pas trop lent.
La vessie : « envie de pipi, please stop »
La tête « « alors là niet, tu vas attendre ma cocotte, on ne me la fait pas le coup du je m’arrête pour pisser, c’est un truc à marcher après »

Le 4ème tour commence à être fatiguant. Ce ne sont pas les jambes qui ronchonnent mais je sens comme un coup de bambou sur l’arrière du crane, l'impression d'avoir avalé un somnifère. 
Une envie de m’allonger et de me détendre…
Mais je suis presque au bout, c’est pas maintenant qu’il faut flancher.

J’ai passé quelques personnes, et à 2 kms de l’arrivée ça commence à sentir l’écurie.
Et quand ça sent l’écurie, c’est plus fort que moi les jambes se mettent en mode fofolles.

Je remonte un grand gars qui pioche et me regarde en biais quand je le double.
Je fais un petit coucou à PP qui a encore un tour à courir et je n’attends qu’une chose la pancarte « arrivée » à la bifurcation.
Les jambes roulent et roulent encore plus vite et arrive le tapis rouge, est-il encore possible d’accélérer ?
Ah ben oui dis-donc, je termine les derniers 200 mètres à 12 kms/h (allure de mes 10 kms) et là le speaker me saute dessus pour recueillir mes impressions.

Alors celle-là on ne me l’avait jamais faite, me vla interviewer comme une athlète pro, ça me fait tout bizarre et j’ai certainement dit pas mal de conneries, toute essoufflée, échevelée et rouge que j’étais.

Par contre une fois la ligne franchie, me voilà en mode Robocop croisé Aglaé & Sidonie.
Les jambes ont fait le job, bravo les filles (chaque tour a été couru pratiquement à la même allure, un vrai métronome).
J’ai pas marché, j’ai couru même on peut dire car la moyenne sur les 20 kms est de 9.5 kms/h.

A noter : je me suis mise en mode jukebox tout du long et 2 chansons ont tourné en boucle dans ma tête.

Sur le vélo : Roger Hodgson (un ancien de Supertramp) avec "In jeopardy"
sur la càp :  Macklemore avec "Can't Hold Us (feat Ray Dalton)"

Je chante tout le temps à l’entraînement et c’est un truc qui me permet de vider la peur et surtout de me concentrer sur autre chose que la course.

J’ai aussi beaucoup apprécié les encouragements des filles du Trivéloce qui étaient sur le relais et m'ont fait des signes sur les 2 premiers tours de càp.

Résultat : très satisfaite de ma gestion de course (pour une fois j’applique ce que je planifie et ça fonctionne) et je finis 3ème Vétérante / 4 et 6ème femme sur 9 en 5h53.
Bon y a 2 élites en femme et la première est Loiiiiiiiiing devant. Par contre je suis contente car la 2ème Vétérante n’est qu’à 3 minutes devant moi et la 4ème à plus d’une heure.

Conclusion : ben je crois que je me suis améliorée et surtout je crois que je suis en forme :-D

4 commentaires:

Steph a dit…

Salut,
Sympa ton récit et merci pour ton clin d'oeil!
On pensera bien à toi le 1er septembre!
Bon courage pour la fin de la prépa.
Steph du Trivéloce

Guillemette a dit…

Yep, sympa comme d'hab' le CR.
Tu m'as impressionnée par ton aisance en càp, franchement bravo!
Même sentiment que toi, j'ai vraiment passé un bon moment et ce malgré les surprises de cette première édition.
Bonne dernière ligne droite pour Vichy!

Virginie_l a dit…

merci les filles...
au plaisir de vous revoir (Stéph ça sera plus facile que Guillemette je pense)

en tout cas c'est la première fois que je m'amuse autant sur un half

Anne a dit…

Bah, avec un tel half, je pense que tu as de quoi être sereine ma belle !!