5 mai 2014

WINGS FOR LIFE - courir pour ceux qui ne peuvent pas le faire

En ce début de saison 2014, je peine à trouver la motivation pour me fixer des objectifs sportifs. Une certaine lassitude liée principalement au mauvais temps, me rend plus encline à travailler le plongeon sous la couette que le fractionné sous la pluie. Heureusement Yvonnick Simon, mon coach, veille au grain et me fait tourner comme un hamster sur la piste toutes les semaines (je le hais, l’adore). Il en résulte que je suis plutôt en forme du côté de la course à pied, mais beaucoup moins en ce qui concerne la natation et le vélo. Cela tombe bien, car je n’ai envie que de course à pied en ce moment.
Lorsque nous avons découvert la pub pour la Wings For Life, mon époux – Le Grand Velu — et moi-même avons sauté du canapé en cœur pour effectuer une petite danse de la joie et filé illico presto nous inscrire sur celle qui a lieu à Hennebont (56).
Qu’est-ce que la Wings For Life ?
C’est un concept ! (j’adore ce terme, ça n’explique rien).
En fait c’est une course qui se déroule simultanément dans 34 pays du monde entier. Le départ est donné au même moment pour tout le monde. Il y en a donc qui débute à 3 h du matin et d’autres en milieu d’après-midi. En France nous aurons la chance de commencer à 12 h pétante. Cette course supporte la fondation Wings For Life et tous les fonds sont reversés pour le financement de la recherche d'un traitement des lésions de la moelle épinière.
S’il y a bien quelque chose qui me tient à cœur, c’est le problème de handicap physique et le fait de ne plus pouvoir utiliser ses jambes. C’est quelque chose qui me fait extrêmement peur depuis toute petite. Alors, autant vous dire que je suis doublement contente d’aller faire la fofolle sur cette course.
Au cœur du concept
La grande nouveauté de cette course, c’est qu’il n’y a pas de finish line, au sens classique du terme. Il y a bien une arche de départ, mais pas d’arche d’arrivée, et pour cause ! La ligne d’arrivée est matérialisée par une voiture appelée, catcher-car qui part 30 minutes après nous et qui remonte la file des coureurs sur le parcours. Quand elle vous attrape, c’est que vous avez fini la course. Il faut savoir que la voiture démarre à 15 km/h et augmente sa vitesse de 1 km/h toutes les heures.
Si vous calculez aussi vite que moi le simulateur, vous pouvez constater que si vous courez à 10 kms/h, la voiture vous rattrapera au bout d’1 h 30.



Personnellement j’ai un objectif semi-marathon dans un mois et cette course sera un entraînement en sortie longue. Il faut que je galope 1 h 30 minimum et surtout je ne veux pas faire de semi avant l’objectif. Je me cale donc sur une allure entre 5’30 et 5’45 du kilomètre, soit une allure assez facile à tenir, mais tout de même un peu exigeante pour ne pas s’ennuyer.
Mon époux, Le Grand Velu, est complètement désentrainé depuis 3 mois et n’a pas couru plus de 50 minutes depuis des lustres. Autant dire que le matin de la course, il est d’une humeur de chien. Il est tendu comme un string. Limite si c’était une copine je lui demanderai s’il n’attend pas son cycle. J’hésite même à lui proposer de remplacer Jérôme pour un Tuto chez Canal +… « Aujourd’hui comment faire des mignons cupcakes »… (ça va ? Vous situez bien l’état de tension ?).
Je prends donc le volant pour 180 kilomètres (quand on aime, on ne compte pas) et nous arrivons 2 heures avant le départ. Le Grand Velu est toujours mutique et je n’ose lui adresser la parole de peur de m’en prendre une. Alors que ma foi, moi, je serais plutôt volubile et un brin excitée (Colchiques dans les prés… Fleurissent, fleurissent).
À 11 h 30, un coach vient nous faire faire un échauffement fitness assez hilarant, car nous sommes serrés comme des sardines dans les sas de départ et lorsqu’il faut se pencher en avant pour aller toucher son pied, on se retrouve le nez dans le hum hum de son voisin… enfin bref. Un moment il faut lever les genoux et hop, mon voisin qui est à contretemps se ramasse un bon coup dans l'arrière-train. J’arrête donc le toutouyoutou à la Véronique et Davina avant d’en éborgner un avec mes grands bras.
Ce qu’il y a de bien à ne pas savoir où se situe la ligne d’arrivée, c’est qu’on ne stresse absolument pas au départ de la course. Aucune stratégie, à part de courir en dessous des allures semi et de faire durer un peu la rigolade. Ce n’est pas comme dans une course classique où on se cale comme un métronome de bout en bout. Là tout le monde s’interroge : « toi tu pars comment ? » et « toi tu cours vite au départ ou tu accélères après ? ». Tout le monde est perplexe, mais l’ambiance est bon enfant. De toute façon le parcours fait 100 kms, alors autant dire qu’on a de quoi faire et le temps de voir venir !
Top départ, on commence à trottiner, c’est une descente, je file comme un petit lapin rose qui viendrait de changer sa Duracell. Tout de suite après une jolie bosse nous attend et me ralentira. De toute façon je fais la course au feeling et je dois l’avouer : j’adore me laisser bercer par le flot des coureurs et le parcours vallonné.
Le Grand Velu, souffle comme une forge à côté de moi, il n’aime pas démarrer aussi vite et il faut dire que l’on n’a même pas pris le temps de s’échauffer. Il est tout rouge, mais il tient le coup !
Il y a pas mal de monde au bord des routes et dans les bourgades et c’est toujours très motivant de se faire encourager. Nos prénoms sont sur les dossards et j’entends crier VIRGINIE à chaque fois. Les enfants au bord des routes nous tendent leur main pour une petite tape, des grands gaillards sponsorisés par Marc Dorcel chantent à tue-tête et chauffent la foule en demandant des acclamations.
-      Grand Velu, tu vas bien ? osé-je.
-      Oui ! cours à ton rythme. Me grogne-t-il.
Houlala toujours pas commode mon Grand Velu… j’aime bien le voir souffrir, cela me venge de toutes les fois où c’est l’inverse (je sais je suis diabolique, odieuse, insupportable, une chipie).
1er ravito au kilomètre 4 : je ne m’arrête pas, j’ai tout ce qu’il faut sur moi.

2ème ravito au kilomètre 10 : bon là faut que je refasse le plein. Forcément il y a du Red Bull (c’est LE sponsor) et de l’eau. Comme je sais que mon transit est très sournois, je fais l’impasse sur la boisson gazeuse qui donne des ailes et remplis mes gourdes de quartiers d’orange et d’eau pure.
L’ambiance est toujours bon enfant. Autant il faut me tirer les couettes pour faire une sortie longue, autant l’effectuer dans ces conditions est un vrai régal. Je ne vois tout simplement pas les kilomètres défiler.
Arrive le 15ème kilomètre en 1 h 24 : Ravitooooooo !!! Bon aller on va pousser jusqu’à 1 h 40 de course, parce vraiment je n’ai pas envie de quitter l’ambiance. Par contre comme j’ai perdu Le Grand Velu, je commence à faire la foldingue sur le parcours. Je me sens bien, mais bien, et j’ai une pêche !!! Alors je me mets à l’envers et je cours à reculons. Comme cela je peux voir les autres coureurs derrière, faire signe à mon Grand Velu et détendre mes ischios. Ce que je n’ai pas remarqué c’est que je suis à hauteur de deux grands gaillards et tandis qu’eux contrôlent sérieusement leur allure, moi je fais le clown en moon-walk. Par crainte de leur disconvenir, je me remets dans l’autre sens. Hop un pas chassé et me revoilà dans le sens de la marche de la course.
Ce qu’il y a c’est que je ne veux pas dépasser le 20ème kilomètre et il n’y a toujours pas d’échos des catchers-car. Comme j’ai plein d’énergie, j’en profite pour lâcher les chevaux. Je veux finir cramer avant d’avoir envie de pousser jusqu’au semi (je connais la bête, une fois lancée, on ne l’arrête plus). Je fais des petits bonds de sauterelles de droite et de gauche, des pas chassés, des montées de genoux et puis finalement je me dis que le meilleur moyen c’est de galoper comme sur un 10 bornes. J’attrape le 17ème kilomètre et j’embrasse la pancarte. Toujours pas de trace des catchers-car. Mince, mais où sont-elles ?
Au 18ème kilomètre, enfin une bosse, je ralentis et les vélos qui doivent nous prévenir de notre future élimination arrivent à notre hauteur. Youpi, la course va bientôt se terminer. Les voitures sont à 300 mètres. Aller hop encore une accélération pour le fun parce que j’aime bien jouer au chat et à la souris. Les voitures sont sur nous, et finissent par nous doubler en klaxonnant et en nous remerciant, la musique à fond dans les haut-parleurs.
18.3 kilomètres pour finir la Wings For Life. J’ai rempli ma mission : ne pas franchir le semi, ne pas se flinguer à un mois de l’objectif, mais s’amuser tout du long.
On marche en attendant qu’une navette nous rattrape, on passe le 19ème kilomètre et lorsque nous approchons le 20ème, le bus nous tend les bras, enfin ses sièges. Je retrouve mon Grand Velu qui n’a pas l’air très en forme et je file au fond pour m’asseoir. Nous retournons au départ et il règne un climat de gaité incroyable. Tout le monde a le sourire, tout le monde est ravi.
Vous savez, souvent en fin de course, les concurrents oscillent entre deux états. Il y a ceux qui sont ravis, limite Teletubbies et les autres qui sont amers, qui pensaient pouvoir faire mieux. Là ce n’est pas le cas. Il n’y avait personne à battre, pas de concurrent. Juste le challenge de ne pas se faire rattraper trop tôt. Personne ne connaît son classement….c’est formidable ! Du coup tout le monde est content et sourit.
Ah oui et le Grand Velu a retrouvé toute sa sérénité, il est d’un calme olympien et d’une douceur angélique. C’est dingue comme 17 kilomètres et des poussières vous calment un homme. Depuis je me pose une question : est-ce que cela fonctionne sur les ados ?


Les chiffres :


35 397 coureurs de part le monde.
La première française est 3ème au classement féminin mondial avec 51,26 kilomètres parcourus (groupe d'âge F45 youhou !!) soit environ 14 kms/h de moyenne pendant plus de 3 h 30 (ouais ça calme bien).
la vidéo : http://live.wingsforlifeworldrun.com/

5 commentaires:

Poolio a dit…

sympa le concept, je le garde en tête pour l'année prochaine ;-)
et super sympa à lire ton blog!

Anonyme a dit…

Moi aussi j'y étais, c'etait formidable! On se verra peut être à Rouen le 3 mai?!

Virginie_l a dit…

Nous n'y retournons pas cette année à cause d'un problème d'agenda.

Anonyme a dit…

:-( Est ce quelqu'un représentera running pour elles? Ça a été une belle surprise de voir un article pour cette course qui me tient à cœur dans mon magasine fétiche

Virginie_l a dit…

Je ne sais pas ce qu'il en sera pour 2015 malheureusement