27 juin 2011

ULTRA-MARIN 2011 - JE SUIS ULTRA-MARATHONIENNE !!

En route pour Vannes et son super trail nocturne.
La météo est plus que clémente car le soleil nous sourit et nous baigne dans sa douce chaleur.

Comme avant chaque course, Tugdual m'agace par son agitation et son énervement turbulesque.
Il part dans tous les sens, commence un truc et en entame un autre, fait des va-et-vient inutiles.
Il me fatigue....

Moi, j'ai besoin de concentration, d'ordre et de rigueur comme une mécanique.
Je prépare donc mon sac dans mon coin en tâchant d'occulter l'électron libre qui papillonne dans la maison.

Une fois la check-list pointée et tout empilé dans le camping-car, nous partons avec 1 heure de retard sur le planning.

Arrivés à Vannes, nous avons la mauvaise surprise de constater que le parking pour camping-car coureurs se situe à 2 kms de l'arrivée.
Nous nous garons et descendons au village du raid, jeter un coup d'oeil et retirer nos dossards.
(cela nous fera faire en tout 6 bons kilomètres, vite regrettés au moment de la course).

Comme à mon habitude avant un gros challenge, je suis dans ma bulle et parle peu, j'essaie de visualiser la course.

Après quelques courses (bas de contention et saucisson pour Tugdual, pain et eau pour camping-car), nous remontons au camion et décidons de le déplacer pour le rapprocher de l'arrivée.

Une fois fait, je file dans la couchette pour faire la sieste. Le stress me plonge immédiatement dans un sommeil profond. C'est ma façon de méditer :-)
Tugdual me rejoint et somnole, puis s'agite (encore) et fini par me réveiller à bouger comme un asticot à côté de moi.

J'accroche mon dossard, et vérifie le contenu de mon sac.
Céline, qui fait aussi le trail, nous a indiqué qu'il y aura plusieurs points de ravitaillement, ce qui me permet de ne prendre qu'1 litre d'eau car il est déjà fort lourd (3 kgs au total).

Le soir arrive vite et nous nous habillons pour partir rejoindre la navette.
En tenue et sac au dos, je me fais l'impression d'être une guerrière. Les gens qui nous croisent nous regarde avec admiration (si si, on nous prend pour des vieux de la vieille) et quelques uns nous interrogent sur la course.

Mon objectif est simple : boucler le parcours en moins de 8 heures (j'espère faire entre 6 et 8 heures).
Pourquoi un tel objectif ? parce qu'imaginer courir plus de 8 heures me file une frousse incroyable et que ça me rassure de calculer et démontrer, basé sur mes marathons, que oui 56 kms c'est faisable en 6 heures en s'arrachant un peu - alors en 8 heures c'est de la promenade de santé, vous pensez bien ma bonne dame.

Arrivés au Bono, nous rejoignons Céline et discutons de.... course à pied !
Elle a bouclé les 86 kms l'année dernière mais stresse tout de même pour ce minuscule trail de 56.

La tension et le stress monte au fur et à mesure que l'heure avance. Bientôt nous sommes sous l'arche de départ, il y règne une joyeuse ambiance de fête et de trépignement.
Nous sommes dans les starting-blocks prêts à en découdre avec le Golfe.

Le top départ est donné et bien sûr ça piétine. ça m'agace, je n'arrive pas à courir, je piaffe d'impatience. Il y a beaucoup de marcheurs (trop à mon goût), de vrais empêcheurs de courir en rond.

Nous entamons le premier sentier douanier où j'espère pouvoir galoper. Impossible, nous devons marcher, couroter, marcher.
ça m'énerve prodigieusement.
Enfin du bitume, je galope, youpi c'est chouette la vie.
Puis à nouveau un sentier, il y a des souches et des cailloux, des rochers aussi.
Nous alternons sans cesse le rythme et toute l'attention se focalise sur le chemin ainsi que sur la personne devant soi. Il n'y a de la place que pour 1.

Je me tords les chevilles sans cesse et les appuis changent à longueur de temps.
Je sens le tendon de mon genou qui grince, ça tire dur et c'est un bon exercice de proprioception.

Je remercie intérieurement ma prédisposition à ne pas faire d'entorse ou de foulure, car vu les angles que prennent mes chevilles par moment, ça frise le contorsionnisme du pied.

C'est épuisant toute cette concentration et cette tension musculaire.

Arrivés au 1er ravito du 7ème kilomètre, j'ai le sourire banane et de l'énergie à revendre.
Je me penche vers Tugdual et lui murmure : "le trail c'est un truc de mauviettes" avec un clin d'oeil.
Lui est beaucoup moins confiant et fortement énervé par mes excès de vitesse.

ça repart après le pointage et je regalope car nous sommes à nouveau sur bitume pour rejoindre un sentier. Les portions de bitume sont peu nombreuses et pas bien longues, j'essaie de prendre un maximum de place à ce moment là mais Tugdual refuse de me suivre.

Il n'arrête pas de me dire de ralentir, de m'économiser - il m'énerve à la fin çui là - je sais géré sur 42, c'est pas 14 de plus qui vont me faire peur non ?

Au 15 ème, un autre ravito et là j'ai la dalle (malgré le gel pris tout du long) - Céline se sent en forme, je la vois prendre de l'eau et repartir très vite.
Moi je bouffe, un trail c'est aussi de la convivialité. Banane, Tuc et eau, miam, miam.

Nous repartons mais je commence à avoir mal aux jambes. Je me dis que c'est un peu tôt pour que ça durcisse déjà. j'avale un GU (sucre rapide) et la douleur s'envole par miracle.
Je reprends confiance pendant que le soleil finit de se coucher. Nous n'avons que 30 min de retard sur le planning et c'est principalement dû au ralentissement de début de course.

J'allume ma frontale et nous galopons dans les sous-bois, ça sent l'humus, je me fais l'impression d'un chevreuil foufou.
Quand, patatra, mon pied se tord entre une racine et un cailloux et je pars avec de grands moulinets de bras tête la première dans les décors. Je tombe sur mon flanc droit dans un tas de feuilles mortes.

Tugdual, pousse un cri de peur, nous sommes à 21 kilomètre et ma frontale éclaire que dalle.
Je me relève morte de rire, en imaginant la scène et je vais me trimballer ce fou rire pendant 2 bons kilomètres.

En revanche, dorénavant, et étant donné que je ne vois pas assez loin, je décide de marcher dans les sentiers au lieu de courir.
Nous avons effectué pas mal de montées et de descentes (que j'ai pris un malin plaisir à courir) et nous doublons Cocotte et Gygy qui marchent bon train et me reconnaisse.
Hop petit demi-tour pour leur demander comment ça va et je repars guillerette, bien décidé à rattraper Céline, pour essayer de faire comme elle.

Céline, fait du trail depuis longtemps et je sais qu'elle a une bonne expérience, j'espère pouvoir calquer sa façon de faire mais pour cela, il faut que je la rattrape.

On commence à taper dans le dur musculairement, car nous ne sommes pas habitués à changer aussi souvent de surface.

Je m'arrête pour une pause pipi et repars en courant quand Tugdual me lance un :"laisse tomber il y a une côte, fais pas ta frimeuse".

Ah oui, c'est vrai que les côtes, on a tacitement décidé de les faire en marchant. ça sert à rien de faire mine de courir si en marchant on va aussi vite n'est-ce pas ?
Parce que même si le dénivelé n'est pas très fort, il y a quand même de la bosse qui casse bien le rythme.

Nous ralentissons donc ostensiblement étant donné qu'il fait nuit noire maintenant et que nous sommes à 95% sur chemin côtier. l'attention doit être soutenue pour ne pas tomber.
Je me promets de courir dès que j'aurais fini le marathon.

32ème kilomètre, j'atteins mes limites musculaires. Mon corps n'est pas habitué à ce genre d'exercice et je fais travailler des muscles qui n'en n'ont pas l'habitude. Résultat, je suis dure comme un cailloux. Mon dos me tire autant que mes jambes.

Je suis heureuse de trouver le ravito pour me reposer un peu. j'enlève mon sac et m'allonge genoux à la poitrine. Que c'est bon de ne plus sentir de pression sous ses pieds. Que c'est bon de sentir la fraîcheur de l'herbe dans son dos. Que c'est bon de planter son regard dans les étoiles qui finissent par tournoyer et je m'enfonce dans le sol. Hmm, je piquerais bien un petit somme.

Mais, nous pouvons encore faire 8 heures et il ne faut pas trop traîner. D'ailleurs l'endroit devient vite moins paradisiaque, quand une traileuse vient vomir ses tripes et ses boyaux à 2 mètres de nos têtes.

Plus que 10 kms et le marathon est bouclé, j'ai mal, mais rien d'insurmontable, rien que du déjà vécu, déjà vu.

Mais je commence à fatiguer de ces chemins, je ne peux même pas me plonger dans la musique car la moindre faute inattention entraînerait ma chute.

c'est 10 kms passent très doucement, j'ai encore fortement ralenti. Je ne peux plus lever mes pieds. Chaque pas déclenche une douleur sous la voute plantaire. Mes chaussures mes semblent être des carcans, des objets de torture.

42ème km et un autre ravito en haut d'une bosse. j'ai trop mal aux pieds...
Tugdual me les masse au voltarène. Sentir le froid de la crème antalgique, et les pressions douces de ces doigts sont un plaisir nirvanesque.
Je lui rend la pareil, car il souffre aussi. ça fait 7 heures que nous crapahutons et je pense que nous devrions être beaucoup plus proche de Vannes. Malgré tout, je n'arrive pas à me résoudre à partir immédiatement.
Je m'allonge à nouveau pour détendre mon dos et mon bassin. Puis je me dirige vers le ravitaillement qui est entravé par 2 trailers et leur sac à dos.

Un bénévole m'interpelle et me dit de me servir et d'une voix presque inaudible, je murmure que je n'arrive pas à me frayer un passage.
En pleine possession de mes moyens, cela m'aurait été facile, mais là je suis tellement fatiguée que je n'ai pas la force d'écarter les gens devant moi.

Le bénévole les écarte et me donne une place de princesse (je l'aurais embrassé) - je prends du pain, de l'eau, des pâtes de fruits, des bananes et nous repartons.

C'est la dernière portion de 14 kms et plus de ravitaillement avant l'arrivée.

Le calvaire continue. Je ne peux plus du tout courir et à peine marcher. Dans ma chute au 21ème je me suis contusionnée le bord externe du pied et le genou droit.
Je n'avais rien remarqué pris dans l'euphorie du moment. Mais là, à chaque pas, ça me lance une décharge électrique. J'ai presque l'impression que mon pied est fracturé.

Je sais bien que mon corps m'envoie des signaux erronés, car il veut que je m'arrête.
Alors je n'écoute pas, mais la douleur persiste.

Je pense à cette scène de Midnight Express, quand le gars se fait torturé et qu'on lui bastonne la plante des pieds. Je me sens dans le même état. Chaque aspérité du sol est un supplice, je ne sais plus comment faire pour avancer. La caresse d'une plume sur ma voute plantaire serait aussi une torture.
Mes pieds ne supportent plus le poids de mon corps. Mes genoux me tirent, mes fessiers se rebellent, mes cuisses protestent, mon dos est tordu mais j'avance.

Nous croisons les Grands-Raideurs du 177, qui sont dans un état lamentables et avancent comme des zombies fraîchement sortis de leur tombe.
Sans rire, je suis dans le même état qu'eux...bendidon, elle est belle la traileuse tiens !

Et là je pense, le trail c'est pas du tout, du tout un truc de mauviettes. Respect, le Trail. Tu me fais une belle leçon le Trail.

Je pense aussi, sans savoir pourquoi, aux gens qui fuyaient la guerre. Qui emportaient tout sur le dos et partaient le plus loin possible, sans ravitaillement, à bout de souffle, à bout de vie.
Je me dis que j'ai bien de la chance, d'avoir pu me reposer un peu et avoir mangé et que malgré mes douleurs, je ne mesure pas encore une once de ce qu'ils ont vécu....Je me fais humble.

Je me rappelle cette homme, sorti de nulle part, venu en marchant jusqu'à mon collège pour nous expliqué qu'il avait fait un nombre incalculable de kilomètre à pied.
Je me rappelle que du haut de mes 11 ans, je n'avais pas mesuré l'exploit que c'était et à quel point ce monsieur était un grand bonhomme.

Et pendant ce temps j'avance avec un Tugdual qui stresse en voyant la barrière horaire se rapprocher.
Nous nous faisons doubler par les marcheurs du début. Cocotte et Gygy sont bien loin devant nous dorénavant.
Le soleil se lève sur le Golfe et Tugdual s'émerveille. Moi ça me déprime, parce que je pensais bien voir ce levé sur le port de Vannes et pas à 10 kms de là.

Nous suivons un groupe au travers des bois et débouchons sur du bitume. Je suis devant et tourne à droite, au bout de 150 mètres Tugdual me dit "tu es sûre de la direction ?"
Moi : "non, je l'ai fait au feeling". Nous nous retournons et apercevons les indications de parcours en sens inverse.... Et zut 300 mètres pour rien !

Et puis voilà une joggueuse du dimanche qui nous encourage, je lui demande combien de kilomètres avant Vannes. Elle hésite et nous indique 6 kms restants à partir de la barrière.

6 kms, c'est rien mais à mon allure c'est une montagne et je ne peux malheureusement pas courir..Marcher est une torture depuis 20-25 kms. Une torture qui croit de façon exponentielle.
Je grimace, Tugdual essaie de donner la cadence, mais je n'arrive pas à le suivre.
Il m'attends les mains sur les genoux et je ne rêve que d'une chose faire pareil mais je suis trop lente et ma punition est de continuer sans m'arrêter pour me détendre.

Les douleurs se généralisent. Mes tibias s'enflamment, et par moment j'ai l'impression qu'il se fendent en deux. je suis obligé de m'accroupir pour les serrer à pleine main, pour retrouver la force et le courage d'avancer.

Tout à coup, des fourmillements m'interpellent, je ne sais pas comment j'arrive encore à sentir quelque chose mais mes mains me lancent.
je regarde mes doigts...ils ont triplés de volume. Je n'ai plus d'eau dans le camel-back.
Pour économisé mon dos, je n'ai pas voulu le remplir au dernier ravito.

Tugdual craint que je ne fasse une déshydratation. Je lui dis ça va, c'est gérable.
Je me force à avaler du gel SYS qui hydrate un peu mais le goût sucré à peine prononcé m'écoeure tout de suite. Il me demande si j'ai des fourmillement à la base du crane. Non, non, je t'assure, je gère.

La tête me tourne par moment, je mets donc mes main devant pour parer une éventuelle chute.
Je sais que si je tombe, aucun de mes muscles ne répondra pour me protéger.

Tugdual n'arrête pas de me parler. Je le sens qui stresse mais j'ai confiance, je sais que je finirais, Je lui ai promis l'année dernière que nous le finirions, et n'envisage pas un seul instant d'abandonner.

Je lui dis de partir, de le faire à son allure, car c'est dur pour lui de m'attendre.
Il a peur que je lâche prise et me dis qu'on doit finir ensemble, qu'il est hors de question de finir séparés que ça n'a aucun intérêt.

Alors il me parle, essaie de trouver les mots qui réconfortent, qui boostent, il m'engueule aussi.

Moi je serre la mâchoire, je n'ai qu'une envie : Qu'il se la ferme !
qu'il me laisse moi et ma douleur en tête à tête. L'écouter me détourne de la concentration pour ne pas souffrir. L'écouter me demande trop d'énergie.
Et en même temps, l'écouter me berce, m'aide à avancer. Alors c'est moi qui la ferme et qui écoute.

Je pense aux copines de CAF et Facebook et ça me donne une énergie, une volonté incroyable.

La barrière est enfin là et on nous pointe. Voir les bénévoles est à chaque fois une fête à mon coeur. Nous les zombies, les morts-vivants, ça fait du bien de voir la civilisation, la fraîcheur, les visages souriants et bienveillants. Si je n'avais pas si mal aux jambes, je leur embrasserais bien les pieds.

Mais là je maudis l'organisateur car il nous fait faire une boucle (une énième) qui nous laisse apercevoir sur le chemin d'en face les traileurs plus avancés que nous.
Il nous suffirait de traverser la route pour gagner 30 minutes de marche.

Mes pieds hésitent un instant à traverser, mais ma tête mène encore la danse et les résigne à faire cette saloperie de boucle.

Pour couronner le tout, de douillets bancs nous attendent les bras ouverts tout le long de cette fameuse boucle. Je lorgne dessus la bave aux lèvres, mais je sais que si je m'assois, je ne repartirais pas.

Nous voilà à nouveau sur des chemins côtiers, j'ai peur de tomber dans l'eau. Les bords sont étroits et je ne suis pas sûre de marcher droit.

Dans les sous-bois des marcheurs aux bâtons et chaussettes de contention nous doublent.
Moi qui regardait cet équipement d'un air goguenard, je mesure toute l'utilité d'un tel outillage à cet instant précis. Et je crois bien que j'aurais donné mon oeil droit pour avoir leur équipement à ce moment.
Pouvoir décharger une partie de mon poids sur mes bras, est un rêve inaccessible hélas et je n'ai que mes pieds pour avancer.

La douleur est une torture depuis de nombreuses heures maintenant et je suis pourtant toujours debout. Le port de Vannes arrive enfin en visu.
J'ai de nouveau des vertiges en arrivant en ville, j'ai peur de m'effondrer et de ne pas me relever.
Je veux finir, je veux aller au bout des 56 K.

Tugdual trouve une astuce pour me faire aller plus vite. Il m'ordonne de maintenir mes mains vers le haut et de balancer mes bras pour palier à la déficience de mes jambes/pieds.

ça marche, je vais plus vite, le sang circule mieux dans mes mains et chasse les fourmillements.

Mais tenir ses bras en hauteur comme ça, demande un effort musculaire intense pour moi.

Le chemin qui mène à la passerelle est long comme un jour sans pain. Nous voyons affalés sur la pelouse les finishers du raid et du trail. Ils nous encouragent de leur mieux.

La passerelle enfin...Mais je n'avais pas calculée qu'elle était flottante. Il y a une descente qui me mène au bord des larmes (descendre est un supplice) et je tangue à droite et à gauche.
Puis les pavés, quel horreur. La tête me tourne, Tugdual me dit de m'appuyer sur lui mais j'ai peur de le faire chuter.

Je me focalise sur un point loin devant et essaie de marcher droit.
le tour du port, c'est incroyable ce que l'organisateur est sadique.
puis les oriflammes et l'arche d'arrivée à 300 mètres.

Je crie, mais pourquoi c'est si loin ??? et pourquoi ces pavés ???
Tugdual me dit: "c'est rien, on a fini, il y a les planches de bois après".
Ah oui les planches de bois, ça me tire un sourire. C'est souple le bois, c'est lisse, c'est doux (A quoi tient le bonheur ? je vous jure !)

Il me dit regarde, les photographes, tu fais un sourire et non tu ne me tiens pas la main, tu gardes tes mains en haut et tu continues sur ton allure, je suis à côté de toi.

L'arche enfin, je vois la ligne rouge, je sais que j'ai fini, que j'ai bouclé les 56 kms
Nous bippons de concert en passant et je m'effondre sur une barrière de sécurité.

ça y est, on l'a fait, on est ULTRA-MARATHONIEN !!!
(m'en fou si c'est un ultra de bébé, pour moi c'est un ultra).

Le bénévole me demande la taille de mon tee-shirt et je réponds "56 KMS!!!"
Il sourie et me redemande ma taille "Heu....3 sec d'hébétement.... ça y est je me souviens, je fais du M"

Je titube sur la place du village pour aller au ravito (le dernier) et m'effondre sur un banc à l'entrée. Trop de monde, je ne peux tenter la bousculade au risque de tomber.
Le moindre effleurement et je me vautre c'est sûr.

Une fois le terrain dégagé, j'arrive à la table mais impossible de choisir à manger. Tout m'écoeure. Je prends du pain - le seul aliment qui me réussit et vais m'asseoir.
Tugdual arrive avec du Breizh-cola - je goûte et non vraiment ça va pas passer. Je reste à l'eau et au pain, de toute façon je n'ai pas faim.

La remontée au camping-car fait 1 km que nous ferons en 2 étapes (faut se reposer un peu :-D). Nous marchons, les pieds nus dans l'herbe et le sol sablonneux, ça masse et ça détend...Je ne rêve que de mon lit.

RESULTAT : 10h10 - 56 kms....et quelques
1 bonne gamelle dans les feuilles mortes
1 équipement pas trop mal
1 gestion de course nimportenawaq.
1 premier trail qui n'en sera pas un dernier
1 remise à zéro du compteur grosse-tête

8 commentaires:

luc a dit…

Bravo !!
Super compte-rendu et c'est tout bizarre parce que ça donne envie !!

nat bernardin.supiot a dit…

énorme !! je crois que je l'ai fait en te lisant !!
quel exploit !! quelle force !!
et quel binome !!
un grand bravo à vous 2 !!
et bienvenue dans le monde incroyablement attirant du trail !!

Virginie_l a dit…

et encore mille excuses et pardons pour vous trailers que j'ai ignorés pendant de longues années - toutes émoustillées que j'étais par mes découvertes de semi, marathon et j'en passe.

Trailers de tout poil : vous êtes des forces de la nature au mental d'acier.

c'est l'expérience la plus douleureuse mais aussi la plus formatrice qu'il m'a été donnée jusqu'à présent.

Vraiment à vous tous RESPECT !

Erw a dit…

Superbe récit, immersif à souhait.
J'étais également sur le trail 56 kms, mon tout premier, après 2 mois de CAP... J'adore !

Virginie_l a dit…

bendidon un ultra seulement après 2 mois de cap !!! t'as pas froid aux yeux toi :-)

ça s'est passé comment ?

jp75018 a dit…

Bravo!

Effectivement l'humilité est la première qualité en ultra, ne jamais partir plus vite que don niveau!
Je rappelle qu'il existe également des ultras sur route où le risque de chute est minime...

Voir l'excellent article de VO2 :
http://www.vo2.fr/actualite/ultra-ultra-marin-raid-hecatombe-a-tous-les-etages-25062011-3566.html

Erw a dit…

Ca c'est bien passé, j'ai mis 8h18 ; les 6 derniers kilomètres furent tout de même difficiles, plus moyen de relancer ; et pour corser le tout je courais en Fivefingers.

Virginie_l a dit…

Merci JP pour le lien fort intéressant.
En revanche, je trouve qu'ils noircissent beaucoup le tableau (faut pas exagérer, y a pas beaucoup de clampins sur la ligne de départ quand même).

pour la réputation de bonne table sur l'ultra-marin, c'est vérifier et ça fait du bien au moral et aux yeux à défaut de pouvoir tout goûter (faut savoir ce qu'on veut, courir ou vomir :-D)

J'en ai même vu se boire une bonne bière au 32ème kilomètre (j'ai haluciné, moi je fais ça, je m'effondre)

Sinon Erw : ah oui c'est ça en fait, t'es un grand malade :-)
Personnellement je pense que le minimalisme ne convient pas à tout le monde et s'adresse en particulier aux personnes rapides qui sont sur la balle du pied et grattent le sol quand ils courent.

Moi à part sur une distance courte, je suis plus sur le milieu du pied et surtout sur du long, j'ai besoin d'amorti.
En tout cas chapeau bas Monsieur