11 oct. 2009

LES FOULEES DU TRAM - 30 EME ANNIVERSAIRE

Au départ je devais courir les 20 kms de Paris avec mon mari et ses collègues.
Mais c'était sans compter sur le fait que ce week-end j'avais mes enfants à la maison et que je ne pouvais donc pas voyager à mon gré.

Un copain (Cédric) m'avait parlé des foulées du tram et de la bonne ambiance qui y régnait. Une course si sympathique qu'il s'y inscrivait tous les ans depuis 3 ans.

Ma décision fût prise et je m'inscrivis pour cette compétition qui se déroule près de chez moi.

Il faut savoir que cette course ne comporte pas le même nombre de kilomètres d'une année sur l'autre et qu'elle n'emprunte jamais le même parcours (c'est là tout son succès). Il n'y a pas de distance calculé au centimètre près. C'est de l'a peu près et c'est le charme de cette compétition.

Cette année est l'édition la plus courte avec 14 kms - mais aussi une des éditions la plus technique.

Je suis en confiance car je cours régulièrement depuis 6 mois et lors de ma sortie longue du dimanche j'avale facilement 14 à 16 kms.

Je me fixe comme objectif du 10 km/h et un temps de 1 h 24 au total pour 14 kms tout rond.

Sur le départ, la foule s'amasse plus de 6 400 participants. Je regarde chaque coureur près de moi et essaie de jauger son niveau. Je recule donc de plus en plus dans la file, décidant qu'ils avaient l'air tous d'avoir un super niveau et en tout cas un bien meilleur que le mien.

Un grand moment de solitude et de mélancolie m'envahit car je suis seule (impossible de rejoindre le copain en question) et j'aimerais que mon mari soit près de moi.
C'est la première course que je fais entièrement seule - il n'y aura donc personne pour me rassurer et me donner la cadence.
Déjà je stresse car il a fallut prendre le tramway pour ce rendre en centre ville (impossible de garer la voiture car tout est bouclé) et que je suis nulle pour me repérer dans les transports en communs.
J'arrive tout de même à prendre la bonne direction et je rencontre 2 autres participants avec qui je discute quelques instants. C'est ça la magie du sport, dès que l'on est habillé pareil et qu'on se retrouve en session, les liens se nouent très facilement. Un peu comme au temps où nous étions des enfants. Pas de différence sociale, ni de pudeur.

15 h 04 le départ est lancé. Nous sommes dans un couloir étroit et pendant 6 min impossible de courir. Enfin je passe l'arche de départ et enclenche GPS et POLAR.

Je commence à doubler quelques personnes, et c'est un peu la foire d'empogne car les routes sont étroites pour le nombre de participant. Tel un cabris je trouve mes appuis à droite ou à gauche et n'hésite pas à sauter parfois sur le trottoir en me faufilant entre deux concurrents.

Je regarde mon GPS je fais bien du 6 min au kilomètre. Mais je n'aime pas la foule et je me sens à l'aise dans mon souffle. Alors j'accélère et je double, double encore plein de gens.

Arrive la première montée. Je la vise dans ma ligne de mire et me dis que c'est une aubaine.
Car cela fait environ 4 kms que nous courrons et je sais que certain vont se casser les pâtes sur cette bosse. Je la monte à menues foulées en m'aidant de mes bras comme Tugdual m'a appris et je double encore plein de monde. Certains marchent car la pente est forte.

Je suis surprise de constater l'aisance avec laquelle j'avale la côte. Je remarque que ma technique de foulées à beaucoup progressé. Les autres font des pas lourds et longs, alors que moi je mouline de petits pas légers. Ce qui me permet d'être plus dynamique et de moins me fatiguer. C'est un peu comme en vélo, on change de braquet selon la difficulté.

Je ne m'arrête pas au ravitaillement, il n'y a que de l'eau, et j'en ai dans mes gourdes. En plus l'eau est glacé et je crains pour mon confort intestinal. Et puis j'aurais préféré des orange plutôt que de l'eau car ça hydrate vachement bien pendant l'effort.

Voilà 8 kms de parcourus, c'est toujours le gymkhana à travers les compétiteurs et même les spectateurs.

Je coupe tous les virage dès que possible - des fois ça me fait gagner 5 places d'un coup- et je continue à augmenter ma vitesse.

Je me sens bien, je chantonne même un peu en courant. Mais tout à coup je sens que je ralentis malgré moi. Je comprends de suite que je n'ai plus assez de sucre dans le sang et que mon organisme utilise maintenant la filière lipidique pour nourrir mes muscles.

J'attrape quelques jelly bean que je mâche et fais fondre sous ma langue. J'en profite pour ralentir un peu le temps que je termine ma bouchée.

Presque immédiatement mes forces reviennent. Je suis comme Astérix qui a pris de la potion magique.
Je ré-enquille dans une côte et continue de doubler. Je me dis "lâche rien" et j'avance.
Aucune douleur, ni aux jambes, ni au ventre, ni à la poitrine ; le bonheur.

Je ne vois rien du parcours, je le devine seulement, concentrée que je suis pour éviter les pieds de mes collègues et focusée aussi sur l'arrivée.

Je me promets d'en garder assez sous le pied pour accélérer au 11ème kilomètre.
Le voilà dépassé, je remets un coups et augmente encore un peu plus ma cadence.
Je m'accroche à la pensée que dans moins de 20 min, tout est fini.

Le cours des 50 otages arrive et mon GPS indique 13, 8 kms, je me dis plus que 200 mètres, j'accélère. Je m'aperçois que nous croisons d'autres concurrents.
Mince alors on m'aurait menti à l'insu de ma volonté ?
Je comprends vite que je n'en ai pas fini avec ce parcours. Les organisateurs nous font faire une dernière boucle de 1 km avant d'arriver.

Je baisse la tête en avant, et je m'accroche et je continue d'accélérer.
au détour d'un virage j'aperçois à 200 mètres le totem d'arrivée. Je mets toute mon énergie et ma volonté dans mes jambes et j'entame le sprint de ma vie.
En dépassant certains coureurs qui ont l'air au bout du rouleau et commencent à ralentir en voyant l'arrivée si proche, je m'aperçois qu'ils ont l'air surpris et se demandent d'où je sors.

Je franchis la ligne d'arrivée au galop et éteint mon GPS.
Il indique : 14, 830 kms et 1 h 21 pour une moyenne de 10,93 kms/h.
Ma FC moyenne : 163 et ma FC max : 179

Je suis étourdie et sonnée, je relis à 3 reprises avant de me convaincre que j'ai pulvérisé mon record de 9 min.

J'appelle Tugdual pour le lui murmurer dans un souffle, et puis j'appelle aussi Cédric pour savoir ce qu'il a fait. Il m'annonce un temps de 50 min et une moyenne de 15 kms/h- il est content et je le crois, vu que moi aussi je suis super contente et pour lui et pour moi.

Petit bémol : en lisant les résultat le soir, je suis déçue et frustrée, car les organisateurs ont laissé le décompte du temps dès le coup de feu de départ. Ce qui rajoute 6 min dans la vue de tout le monde. Mon temps officiel n'est donc pas mon vrai temps.

En tout cas c'était une chouette course et je suis heureuse d'avoir si bien gérer mon effort tout au long pour aboutir à un résultat inespéré.

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