8 nov. 2009

COURIR EST-IL UNE DROGUE ?

Je dirais oui, tout simplement parce que la libération d'endorphines et leurs effets deviennent vite addictifs.

J'ai remarqué que lorsque je cours à la limite du seuil anaérobie pendant plusieurs minutes, il arrive un moment un peu magique où une onde, comme un frisson parcourt mon corps.
ça remonte de la cuisse jusque dans le dos et à ce moment très précis, je suis dans un état très proche de l'euphorie.

C'est une sensation très étrange, à la fois agréable et un poil douloureuse. C'est comme si les muscles rendaient leurs armes et arrêtaient de lutter contre l'effort demandé. Tout devient alors facile, chaque pas se fait plus léger, chaque foulée se fait sans effort, le souffle est fluide, les pulsations sont stables. Courir est alors la chose la plus naturelle du monde.

Cela n'arrive pas à chaque entraînement, mais quand c'est là, je me dis que ça vaut vraiment le coup d'être partie m'entraîner.

Pour le reste du temps, je me dis qu'il faut être quand même complètement maso, pour s'habiller en vêtements moulants et sortir sous la pluie, le froid et le vent pour courir tout seul comme un con pendant des bornes et des heures.

Et c'est là que le parallèle entre la dépendance et la course à pied est des plus flagrant.
Car chaque drogué vous dira qu'il souffre de sa dépendance mais qu'il ne peut s'empêcher d'agir de sorte de toujours trouver sa dose.
Et parfois je me fais l'effet d'une junkie, car je sors courir sans envie, juste pour le plaisir et l'espoir de ressentir à un moment donné cette onde, ce frissonnement. Et même si je ne l'ai pas à chaque coup, je sais qu'au bout d'un certain temps passer à avaler des kilomètres, je me sentirai bien. Plus de stress, plus de questionnement, plus rien que le bitume, mes foulées et mon souffle qui battent la cadence au rythme de la musique.

La course à pied me vide complètement la tête et m'aide à ranger tous les événements de la journée, de la semaine dans des petits compartiments de mon cerveau.

C'est un peu comme si je faisais le ménage, mais à l'intérieur de moi.

Mais pour que cela arrive, il n'y a pas trente six façons, il faut passer du temps à courir. Sur des sorties courtes ça ne fonctionne pas, il me faut au minimum 45 min pour ressentir les effets bénéfiques de l'effort sur mon bien-être.
Et c'est encore meilleur si je suis partie très très énervée (comme quand les enfants m'ont bien pris les nerfs).

Ce qu'il y a de comparable aussi avec une drogue, c'est l'après-course. Lorsque l'on est allé presque au bort de ses limites, qu'il ne reste que très peu d'énergie dans ses batterie et que l'on rentre chez soi rompue de fatigue.

A ce moment et pour plusieurs heures, j'erre dans un état second. Je flotte à l'intérieur de mon corps, et mes réflexes sont ralentis au maximum. Quand je tourne la tête, mes yeux mettent 1 seconde de plus pour suivre, mon corps est un chamallow resté trop longtemps près du feu de camps. C'est un ressenti très psychédélique. Plus rien n'a trop d'importance, tout se relativise, et surtout tout le monde est beau et gentil. Tout est calme et serein, c'est la zénitude des sens.

Je suis perpétuellement dans des états passionnés (c'est mon mode de fonctionnement), la vie m'apporte donc très régulièrement des émotions très fortes et donc assez hard à gérer.
Stress, chagrins, joie, énervement, tout prend très vite de l'ampleur et est démultiplié.

Alors, je préfère plutôt que de sniffer le tranxène par rail de 2,50 mètres, user le macadam en le parcourant en tout sens et par tous les temps.

Prochain challenge :
le 14 novembre - 20 kilomètres minimum.
au bout de ces 20 kilomètres et selon l'état de fatigue, continuer de courir jusqu'au bout de ses limites.
Un projet que j'ai depuis longtemps en tête, mais que je n'osais pas mettre en oeuvre.
Nous partirons Tugdual et moi (vaut mieux être deux) et j'espère ainsi prendre confiance dans ma capacité à endurer en vue du marathon.

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